Voilà plusieurs jours que Roberto Tobias, batteur d’un groupe de rock, est suivi par un homme dans la rue. Lorsqu’il finit par intercepter l’inconnu, la situation dérape et un meurtre s’ensuit. Pris en photo l’arme à la main lors du crime, Roberto reçoit bientôt des menaces d’une mystérieuse personne ayant assisté à toute la scène. Il devient alors victime d’un odieux harcèlement tandis que d’autres assassinats sont commis autour de lui…
Après « L’Oiseau au plumage de cristal » et « Le Chat à neuf queues », « 4 Mouches de velours gris » clôt avec maestria la Trilogie animalière de Dario Argento qui lui vaudra son surnom de « Hitchcock italien ». Auréolée d’une partition mémorable signée Ennio Morricone, cette plongée au cœur d’un cauchemar paranoïaque et mortifère est l’occasion pour le cinéaste de parfaire sa maîtrise du giallo tout en jouant avec les expérimentations visuelles. Entre le thriller et le drame psychologique ponctué d’humour, « 4 Mouches de velours gris » est avant le film où le réalisateur pose les bases de son art, celui dans lequel il va devenir maitre absolu : Le Giallo. Tout en déstructurant le genre et lui donna une nouvelle vision en allant plus loin encore.
« 4 Mouches de Velours Gris » n’est que le cinquième film de Dario Argento, mai il est celui qui va définir son auteur notamment dans la métaphore qu’il va dessiner en sous lecture, celle d’un couple qui se déchire et d’une crise conjugale où le mari se noie dans des cauchemars où il voit des décapitations, et sa femme qui finit par l’abandonner dans une grande maison vide, le laissant avec sa cousine. Le scénario signé du maitre va constamment souffler le froid et le chaud, dans une mise en scène précise et transgressive qui signe les premiers pas d’un réalisateur déjà accompli.
Ce film est également l’occasion pour le réalisateur, de s’amuser avec des personnalités déjà bien installé, avec des images bien ancrées dans l’esprit des spectateurs : Bud Spencer (Pair et Impair), de son vrai nom Carlo Pedersoli, apparaît ici en « Guest », comme un clochard gourou qui distille ses conseils et tend la main à celui qui en a besoin, ou encore Jean Pierre Marielle (Les Galettes de Pont-Aven) en détective Gay, deux comédiens aux antipodes de l’image qu’ils ont en public, mais que le réalisateur va s’amuser à présenter sous un autre jour pour mieux s’amuser des codes et venir faire un contre point du style qu’il va développer durant tout le film.
« 4 Mouches de Velours gris » fut longtemps indisponible en HD, l’éditeur Carlotta répare cet affront fait à l’un des meilleurs films de Dario Argento. Le réalisateur montre un savoir faire hors du commun et parvient à s’amuser des codes du genre pour livrer une métaphore bien plus subtile qu’il n’y parait et prouve à ceux qui pouvaient en doute que le « Giallo » a bien plus à donner que du sang et des hurlements. Un film à (re) découvrir d’urgence, dans les meilleures conditions qui soit.