Alors que Jean, maire très conservateur d'une petite ville du Nord, est en campagne pour sa réélection, Edith, sa femme depuis quarante ans, lui annonce une nouvelle qu’elle ne peut plus taire… Au plus profond de son être, elle est - et a toujours été - un homme. Jean pense d’abord à une plaisanterie mais réalise rapidement qu’Edith est sérieuse et déterminée à mener sa transition jusqu’au bout. Il comprend alors que son couple, mais aussi sa campagne électorale, risquent d’être sacrément chamboulés….
Parler de la transition transgenre, voilà un sujet où il est facile de « casser les dents », surtout lorsque l’on rajoute le fait que la personne en question décide de faire sa transition passé l’âge de 50 ans. C’est ce, à quoi, les scénaristes Guy Laurent et Isabelle Lazard se sont attelés, en s’inspirant d’une personne de leur entourage, qui a décidé d’entamer sa transition dans les mêmes conditions. Ce qui pouvait amener à une inquiétude, c’est évidemment, le choix de la comédie pour dessiner les bouleversements que ce choix va opérer dans son couple, dans sa famille, que la personne veut absolument préserver. Mais les scénaristes, ont l’intelligence d’éviter de sombrer dans la caricature et dans la comédie franchouillarde, pour ciseler un scénario suffisamment intéressant pour que l’on y prête une oreille, mais pas assez, malheureusement, consistant, pour que l’on se sente totalement concerné. La faute notamment à une distance, certainement involontaire, entre le sujet et ses auteurs. En fait, à mesure, que l’intrigue se développe, nous glissons, lentement mais surement vers une confrontation de deux points de vue et surtout vers une comédie tirant vers la tolérance, tout en effaçant un peu trop le sujet principal qu’est cette transition.
Et le réalisateur Tristan Séguéla, qui nous avait déjà embarquer dans « 16 ans ou Presque » en 2013 et « Docteur ? » en 2019, qui signe, ici, une mise en scène assez classique et parfois maladroite, comme la partie finale en plein Carnaval de Dunkerque, ne va pas arranger les faiblesses du scénario. Puisqu’il va se centrer sur les deux personnages principaux, mais se laisser, pour ainsi dire cannibaliser par leurs acteurs principaux, qui ne parviennent pas à s’effacer derrière leurs personnages respectifs. Du coup nous n’arrivons jamais à totalement plonger dans l’historie pleine de tendresse et de simplicité qui semblait être le maitre mot de cette comédie, qui a , tout de même le mérite d’être assez amusante, grâce à l’énergie de Fabrice Luchini, mais également et surtout des rôles secondaires tenus par Artus (Si On Chantait) et Philippe Katerine (Le Grand Bain).
Et je serais tenté de dire, heureusement, car cela permet tout de même de poser un regard différent sur ce sujet de société qui a besoin de lumière et que l’on bouge les lignes. Et même si « Un Homme Heureux » est une œuvre imparfaite, elle a au moins cet intérêt. Et c’est vrai que l’on regrettera tout de même le choix de Catherine Frot dans le rôle d’Edith/Eddy. Non pas que la comédienne démérite, loin de là, mais son, phrasé, son charisme et son talent n’arrive pas à nous faire suivre son personnage avec la crédibilité qui lui est dû. Le duo qu’elle forme avec Fabrice Luchini, reste touchant et percutant pendant tout le film.