Tony Arzenta, ancien tueur à gages, souhaite se retirer des affaires. N'acceptant pas sa démission, l'organisation tente de l’éliminer, et tue, par erreur, sa femme et son enfant. Fou de douleur, il décide de se venger...
Un peu à la manière d’un Tom Cruise des années 60-70, Alain Delon a vu sacarrière en deux temps. D’abord celui des films en tout genre dans lesquels il a pu exposer toute l’étendue de son talent que ce soit chez Melville (Le cercle Rouge), ou chez Visconti (Le Guépard) ou encore René Clément (Plein Soleil). Mais l’homme n’étant pas connu pour ne pas être imbu de sa personne, fit tourner sa carrière vers des œuvres plus centrées sur son personnage dans lesquels, il aime à jouer les durs et les « Revengers ». Et ce « Big Guns – Les Grands Fusils » s’inscrit parfaitement dans cette partie de carrière avec un personnage de tueur à gages, particulièrement malin et retord, qui va vouloir assouvir, assez froidement sa vengeance, après que sa femme et son fils aient été tués à la demande de ses employeurs. Si l’on devait faire un panorama des scénarii qui ont offert un destin funeste aux proches des personnages joués par Alain Delon, nous pourrions aisément faire le constat un peu cynique, mais factuelle, que les actrices et jeunes acteurs ne devaient pas avoir beaucoup de jours de tournages et que cela devenait une récurrence.
D’ailleurs, il est amusant de noter dans ce film de Duccio Tessari, la présence au générique d’acteurs devenus emblématiques pour avoir tourné dans « Le Parrain » de Coppola : Richard Conté et Corrado Gaipa, sorti un an auparavant. Mais les points communs vont se limiter à la présence de ces deux comédiens, puisque le film n’atteindra jamais les qualités de la trilogie de Puzo. Et si le scénario signé Franco Verucci (La Madama), Ugo Liberatore (Chronique d’un Homicide) et Roberto Gandus (Et Mourir de plaisir) ne va pas simplement se fixer sur un film de gangster des plus classiques, mais y faire également une peinture des années de Plomb (Cette période d’une quinzaine d’années, entre 1960 et 1980, où l’Italie connue de grandes tensions politiques où les actes de terrorismes, els violences de rues et tout autre forme de guérilla urbaines), il ne parvient jamais à totalement trouver la bonne dynamique pour faire cohabiter cette intrigue autour d’une vedette envahissante et ce regard sombre et nécessaire d’une société Italienne en souffrance.
Et c’est d’ailleurs la mise en scène de Duccio Tessari qui va être au cœur de ce film, qui n’est pas un ratage, mais manque cruellement de consistance et de finesse pour être totalement convaincant. Le réalisateur se focalise sur son personnage pour le mettre en valeur, même si cela doit nécessiter des plans un peu « balourds », comme lors de l’assassinat de la femme et du fils du héros, avec un effet de zoom assez crispant, ou encore des choix de mise en scène peu crédibles où le héros apparaît comme par enchantement dans une pièce. Quant à la dynamique, n’en parlons pas, elle semble avoir été complètement oubliée par le réalisateur et le film d’enchainer les longueurs et ne jamais à totalement parvenir à nous captiver.
Et puis bien sûr, il y a Alain Delon. L’acteur commence à peaufiner son personnage de dur à cuire qu’il a avait déjà expérimenter dans d’autres productions, qui avaient le mérite de ne pas forcément tourner qu’autour de lui. Ici, l’acteur offre une prestation monolithique sans aucune nuance et lorsqu’il doit toucher à la sensibilité de son personnage, il est complètement hors sujet et ne parvient pas à ses sortir de ce tueur froid et implacable.