Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian, prodige de la boxe lui aussi, refait surface. A peine sorti de prison, Damian est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir.
Créé par Ryan Coogler qui ensuite est parti s’occuper de « Black Panther » pour Disney « Creed » fut relancé par Steven Caple Jr qui, lui, est ensuite parti faire briller son art chez les « Transformers ». Ce fut donc l’occasion idéale pour Michael B. Jordan de se lancer dans la réalisation afin de ne pas perdre la main sur une licence qui peut tellement rapporter. Mais qu’en est il de l’art dans tout ça et surtout de l’histoire ? Car si la licence « Rocky » dont « Creed » est une descendance directe, le contexte politique, sociétal et économique permettait au scénario de venir, en troisième lecture, de venir apporter une certaine réflexion. Ce que nous avions du mal à percevoir dans le deuxième volume de « Creed » qui accumulait les références à « Rocky », mais ne parvenait pas à exploiter cet environnement qui aurait pu lui permettre de trouver sa propre voie.
Pour ce troisième opus, et avec le comédien principal comme réalisateur, nous pouvions nous dire que tout allait changer et que la licence allait pouvoir profiter d’un engagement et d’une autre vision de celui qui incarne « Creed » à l‘écran. Mais malheureusement ce n’est pas tout à fait le cas, car si les deux scénaristes Zach Baylin (La Méthode Williams) et Keenan Coogler (Fruitvale Station) commencent à poser les bases d’une émancipation évidente en se concentrant sur le passé d’Adonis et non plus sur les rapports avec son père et le meilleur ami de son père, ils ne cessent de construire leur scénario sur le squelette des « Rocky ». Impossible de ne pas se dire, tiens c’est comme dans « Rocky III », ou encore : « Ah oui il y a ça dans le IV », comme s’il était impossible de s’émanciper totalement de la saga de base. Même chose en ce qui concerne l’histoire à part entière, Adonis, se retrouve face à son meilleur ami d’enfance qui a croupi plusieurs années en prison et qui revient pour reprendre ce qu’il estime être son dû. Pour ce qui est de l’originalité, nous repasserons !
Et si le scénario enfonce des portes ouvertes, la réalisation de Michael B.Jordan, ne s’illustre que très peu et reste très classique et ancrée dans ce qui fit la première licence. Mais rendons à César ce qui appartient à César, le réalisateur a de bonnes idées et sait les mettre en valeur, comme le combat où il découvre la faille de l’adversaire, comme lui a appris son ami, ou encore le combat entre les deux amis qui devient subitement irréel et semble coincé entre les enfers et la terre. Mis pour le reste rien de bien nouveau, tous les codes sont présents et usés une fois de plus jusqu’à la garde : L’entrainement dans la nature pour un retour à l’essentiel, le dépassement de soi, de ses blessures, de ses faiblesses, le support de la femme et de la fille, tout y est ! Et du coup lorsque l’on s’approche de la conclusion du film pas de grande surprise tout y est tellement codé, que l’on ne parvient pas à ne pas anticiper ce qui va arriver.
Par contre, il n’y a rien à dire sur la distribution, elle sait toujours se rendre efficace. Michael B. Jordan aime son personnage d’Adonis Creed et parvient toujours à lui donner le maximum de profondeur, même si le scénario ne pousse pas vraiment très loin les nuances. Face à lui, Jonathan Majors (Ant-Man et la guêpe : Quantumania ») vient proposer un méchant parfois caricatural, mais avec une telle prestance qu’il le pousse dans ses retranchements pour mieux masquer sa véritable nature. L’acteur qui, depuis doit faire face à de nombreuses plaintes concernant son comportement en tournage et dans la vie personnelle, n’en demeure pas moins un excellent acteur qui porte son personnage pour le rendre à la fois captivant et effrayant.