Charles et Emmanuelle convolent en justes noces. Ils ont cent ans chacun et décident de profiter enfin de la vie. Mais qui va leur succéder à la tête de la parfumerie Vanbert ? Charles, à l'occasion du séminaire annuel où tous les cadres de l'entreprise sont réunis, décide de choisir son remplaçant.
Jean-Pierre Mocky aimait surprendre, choquer et surtout tordre le coup à la société française et particulièrement ceux qui l’insupportais comme les Supporters dans « A Mort L’Arbitre ! » en 1983. Mais ce que Mocky aimait surtout, c’était maltraiter les bourgeois, une galerie de personnages qui a foisonné dans toute sa carrière et dont il s’est évertué à montrer les travers et surtout à les rendre aussi repoussant qu’attachant.
Avec « Les Saisons du Plaisir », en 1988, Mocky va aller plus loin en les plongeant dans une sorte de comédie grivoise, dont le sexe est omniprésent. Ici, il est le reflet de ses personnages, de cette errance dans laquelle ils sont plongés. Il y a le couple en difficulté, qui va chercher une nouvelle façon de stimuler, la femme séduisant un jeune homme pendant que son mari regarde discrètement. L’homosexuel insatisfait qui aimerait se faire aimer par le jardinier, ou encore une femme qui préfère une femme, velue tant qu’à faire etc… A chaque plan sa situation, et à chaque étape de son récit des couples, des hommes et des femmes qui se perdent dans leurs ambitions et dans leur solitude ou dans leurs fêlures.
Car si « Les Saisons du Plaisir » est un film déroutant par sa construction et son aspect premier degré très en-dessous de la ceinture, il n’en demeure pas moins un film dans lequel Mocky tend un miroir à une grande partie de la population qu’elle soit issue de la classe moyenne ou de la bourgeoisie. La vie des couples s’expose à travers leurs lien intimes. On y voit la nature humine à travers ce regard si spécifique que pouvait avoir Mocky, et ce ton parfois théâtral que pouvaient avoir ses comédiens, ne vient que renforcer le trait de cette image précise, de cette dynamique subtile qui, sous couvert d’une comédie dérangeante et grivoise, se révèle, au contraire une remarquable satire de la société de cette fin des années 80, où la libération sexuelle est passé et où toutes les révolutions sont en marche. Avec un ton bien à lui, Jean Pierre Mocky fait sauter les verrous.
Avec son casting Trois étoiles qui comprend Charles Vanel (Le Salaire de la Peur), monstre sacré que l’on a pu voir chez Clouzot, Duvivier ou encore Bernard, Denise Grey, l’inoubliable grand-mère de Sophie Marceau dans « La Boum », Jean Poiret (Inspecteur Lavardin), auteur de théâtre, réalisateur et Acteur souvent associé à Michel Serrault pour le duo qu’ils formèrent dans la pièce de théâtre « La Cage aux Folles », Bernadette Laffont (L’Effrontée) ou Richard Bohringer (Le Grand chemin), ou encore la Grande Jacqueline Maillan ( Papy fait de la résistance), actrice immense et monstre sacrée du théâtre, « Les Saisons du Plaisir » est un film drôle, qui donne l’impression de ne jamais se prendre au sérieux, mais la subtilité avec laquelle, le réalisateur, qui a également signé le scénario, distille ses messages autour de l’amour, de l’ambition, de l’empathie et de la sexualité et un petit bijou d’humour noir et burlesque parfois.