Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d'en protéger l'existence. Mais lorsque les héros s'opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu'il aime le plus.
Et si le meilleur « Spider-Man » c’était celui qui ne répondait pas aux codes, mais qui, au contraire, les brisait pour mieux redistribuer les cartes et ainsi ouvrir de nouvelles perspectives à l’Homme Araignée ? Au sein de l’univers Marvel Comics, cette déconstruction eut lieu en 2011, lorsque Marvel décida de tuer de Peter Parker des mains du Bouffons Vert, mais fit renaitre le personnage de Spider-Man avec un nouveau porteur : Miles Morales. Outre le choix de tuer le personnage historique, le choc fut que son remplaçant était un jeune homme métis (Père afro-américain, Mère Porto ricaine) venu de Brooklyn. Un choc, mais surtout une excellente nouvelle, qui faisait enfin entrer les minorités, et toutes les minorités, dans l’univers de Marvel. A travers le personnage de Mile Morales, les adolescents de toutes les cultures que forment l’Amérique pouvaient se rêver en super-héros.
Et c’est d’ailleurs tout le message et toute l’intelligence que portait « Spider-Man New Génération » en 2018. Eh oui, il ne suffit pas d’être blanc et bourré de valeurs américaines bien propres sur elles, non, pour porter le masque, on peut être un homme, une femme, un jeune ou un vieux, même un cochon. Avec une certaine aisance, le scénario jouait clairement la carte des réflexions que peuvent avoir les adolescents de tout genre : trouver sa place dans la société, supporter le regard de ses parents et les rendre fier, accepter ce que nous sommes…etc. Une telle réussite saluée dans le monde, ne pouvait que susciter l’envie d’en avoir plus, mais pas à n’importe quel prix. Du coup les scénariste Phil Lord et Christopher Miller se sont replanché sur l’histoire de Miles Morales et ont ainsi décidé de plonger encore un peu plus le personnage dans les doutes existentiels qu’il pourrait rencontrer, que ce soit dans sa propre famille mais également avec ces super-héros avec qui il partage l’affiche au sein du multi-verse. Et l’idée de redéfinir les véritables contours du super-héros, remettre en perspectives ce que nous définissons comme étant les valeurs et les rôles de chacun.
En plus d’un scénario malin et parfaitement dosé, les nouveaux réalisateurs en charge de porter cette suite Joaquim Dos Santos (Superman/Shazam), Kemp Powers (Soul) et Justin Thompson (Tempête de boulettes Géantes) ont su faire perdurer l’hommage à la bande dessinée déjà présent dans « New Génération en poussant encore plus loin le mélange des techniques pour donner une texture et surtout une identité propre à chaque univers. On retrouve ainsi un mélange de lignes sur des plaquettes 3D et « Trames Benday » qui est un procédé d’impression consistant à superposer des trames de couleurs primaires permettant l’obtention d’une couleur secondaire ou tertiaire sans dégradé pour l’univers de Miles Morales. L’univers de Gwen Stacy est, quant à lui, caractérisé par des motifs graphiques et des couleurs vives. Parfois, l’équipe utilise pas mal de silhouettes avec des traînées verticales de couleurs prononcées qui traversent ces silhouettes, une manière de rendre hommage aux premières couvertures des albums de Spider-Gwen. Pour celui de Pavitr Prabhakar, les auteurs ont utilisé un mandala composé de motifs et de couleurs qui lui correspondent totalement. Et bien d’autres encore pour les autres personnages. Un mélange des styles qui, comme pour le premier opus, ne vient jamais rendre indigeste l’ensemble, bien au contraire.
Ce deuxième opus, est une nouvelle grande réussite de Phil Lord et Christopher Miller à la production et des équipes qui suivent leurs idées et donnent ainsi à ce « Spider-Man Across the Spider-Verse » une dimension bien plus profonde et bien plus en adéquation avec les Bandes dessinées, que ne ‘ont fait l’ensemble des versions live, avec toutes les qualités qu’elles avaient pourtant. Les réalisateurs et les scénaristes ont su tirer le meilleur de leurs personnages et de leur environnement pour ensuite les plonger dans des techniques d’animation diverses qui cohabitent allègrement et donnent ainsi une identité propre aux aventures de ces héros hors du commun portant le même pouvoir mais aux problématiques diverses, qui vont s’unir pour protéger le multivers, comme si les artistes partageaient avec nous ce besoin de protéger les identités culturelles pour assumer sa propre image et son propre style face aux studios de plus en plus enclins à vouloir standardiser leurs productions.