Janice et Bill Templeton forment avec leur fille Ivy une famille heureuse et sans histoire… jusqu’au jour où un mystérieux étranger se met à les suivre partout où ils vont. L’inconnu finit par leur proposer un rendez-vous et leur révéler qu’Ivy serait la réincarnation de sa propre fille, morte onze ans plus tôt.
Nous sommes en 1977, Anthony Hopkins n’est pas encore la star qu’il est actuellement, et même s’il a déjà une carrière bien fournie, il ne tournera « Elephant Man » de Davi Lynch que 3 ans plus tard et « Le Silence des Agneaux » de Jonathan Demme que 14 ans après. Pour le moment, il s’illustre déjà dans des productions pas forcément de très grande qualité mais son jeu est déjà magnétique et captivant, au point d’en éclipser l’ensemble de ses partenaires. En grand acteur Shakespearien qu’il est, il sait poser son personnage, maitriser sa diction et les mouvements de son message pour donner à chacune de ses phrases une fore et une précision qui donne encore plus de présence au rôle qu’il incarne.
« Audrey Rose » est une production faussement de bas niveau. D’abord parce que son réalisateur n’est autre que le maitre Robert Wise, lui-même, celui qui signa « West Side Story » en 1961 et « La mélodie du Bonheur » en 1965, pour ne citer que ces deux œuvres majeures alors qu’il est l’auteur de bien d’autres dans des styles différents comme « La Canonnière du Yangtsé » en 1966 avec Steve McQueen ou encore « Star Trek : le Film » en 1979. Ce qui est intéressant avec Robert Wise, et souvent oublié de par ses œuvres majeures, c’est qu’il toucha a beaucoup de genres (les exemples ci-dessus, le prouve), mais surtout qu’il commença dans le film de genre et particulièrement l’horreur avec « La Malédiction des Hommes-Chats » en 1944 ou encore « Le Récupérateur de cadavres » en 1945. « Audrey Rose » n’est donc pas un accident de parcours, mais, au contraire une œuvre qui suit la logique du savoir-faire du réalisateur.
3 années auparavant, William Friedkin, donnait un autre sens à l’horreur, qui jusque-là était majoritairement cantonné à des monstres venus d’ailleurs (Les Slashers n’étant qu’en court de création). Le réalisateur fait entrer l’horreur dans les foyers et aborde avec une maestria jamais atteinte, la possession. « Audrey Rose » de Robert Wise s’inspire largement de ce film sorti en 1974, on y trouve d’ailleurs plusieurs références (Des gargouilles aux buildings, une petite fille possédée) , mais là où le réalisateur de « West Side Story » et son scénariste Frank De Felitta (L’Emprise) va changer la donne, c’est qu’il va utiliser la suggestion et faire un parallèle, 70’s oblige, avec la culture Hindou, concernant la mort et la réincarnation. Cela donne un film, certes de qualité inférieure, à ce que le réalisateur avait pour habitude de nous offrir, peut-être un budget plus serré, et des acteurs pas toujours justes, mais le maitre sait utiliser la subtilité et l’association avec son acteur rendent le film intéressant.
Car Wise, minimise les effets spectaculaires et préfère suggérer, ou faire de légères transformations comme les rougeurs sur le visage d’Ivy et sur ses mains lorsqu’elle touche les vitres, mais rien de plus, au spectateur d’imaginer et de supposer. « Audrey Rose » est un film mineur de Robert Wise, mais la prestation d’Anthony Hopkins fait preuve d’une puissance qui capte tout le film de bout en bout et embarque le spectateur dans cette histoire de réincarnation.