À la mort de Lee Strasberg en 1982, les artistes les plus prestigieux issus de l’Actors Studio ont pris en charge ce lieu exceptionnel. Pour la première fois, des cinéastes ont été admis à filmer leur travail.
Le métier d’un acteur est un véritable engagement qui doit se nourrir de sa propre expérience et voir même de plus encore. En schématisant au maximum, la « Méthode de Stanislavski », ce dernier étant un comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique russe du XIXème et XX siècle qui créa sa propre approche du travail des acteurs, lorsqu’ils doivent aborder un rôle. Une méthode dont va directement s’inspirer Lee Strasberg, un comédien Américain, qui contribua à donner toute la force et la réputation de « L’Actors Studio » lorsqu’elle fut crée en 1947 par Elia Kazan (A l’Est d’Eden), Cheryl Crawford (Productrice de Théâtre) et Robert Lewis (Fallen Angel). Au sein de cette école d’un autre genre, le principe est d’accepter que l’acteur ou l’actrice doit faire appel à sa mémoire affective et à ses ressources émotives pour créer son personnage.
Au sein de cette école réservée, à l’origine, aux comédiens confirmés qui venaient y parfaire leur métier, chacun doit apprendre à se mettre à nu, à chercher au plus profond de ses émotions pour obtenir la petite étincelle qui fera le grand rôle. Bien sûr, chucun ayant pour obligation de mettre son égo de côté, tant les professeurs ne prennent pas de gants et amène l’artiste à aller au meilleur de son art. Ses rangs y ont vu passer des grands noms, comme James Dean (Géant), Marlon Brando (Le Parrain), Harvey Keitel (Bad Lieutenant), Al Pacino (Scarface), Ellen Burstyn (L’exorciste) et bien d’autres encore.
Suite à la mort de Lee Strasberg, les acteurs les plus prestigieux ont pris en charge l’école et ont permis à l’occasion des quarante ans de l’école en 1987, de faire entrer les caméras d’Annie Tresgot (Elia Kazan Outsider), une réalisatrice française qui signa de magnifiques portraits de figures d’Hollywood, et qui l’a se vit offrir l’entrée au Saint Graal de l'Acting Américain. Sa caméra, offre une plongée passionnante et renversante de ce travail d’acteur, de cette exigence et surtout de cette méthode Stanislavski qui pousse les acteurs à aller au plus loin chercher leurs émotions, leurs matières pour construire un personnage. On y découvre des acteurs et des actrices en plein doute, d’autres qui poussent au maximum l’exigence pour que le rendu sur scène soit le plus parfait possible.
Avec des interventions de grands noms du cinéma, le métier de comédien, se découvre sous une image bien différente. A travers les cours donnés par des acteurs eux-mêmes, qui savent également se mettre en danger pour mieux imprégner les élèves, cette Organisation Associative qui ne vit que par la participation de ses adhérents, les élèves apprennent à travailler autrement le rôle, dans une démarche qui se veut spontanée et qui ne peut venir que des comédiens eux-mêmes, chacun apprend à découvrir ses fausses pistes et ses erreurs pour mieux trouver la meilleure approche de travail.
Passionnant et parfois troublant dans l’extrémité de certaines approches, ce documentaire nous plonge dans un monde que l’on ne connaît pas et qui nous parait tellement lointain et ouvert à tout le monde, que l’on se rend compte rapidement qu’il s’agit, avant tout d’une abnégation totale à son travail pour en espérer atteindre un jour les sommets.
Succession d’images d’archives et d’interviews récentes le documentaire peut paraitre inégale dans le traitement de son image, mais finalement le grain parvient à se faire discret et les contrastes offrent toute de même une belle perspective.
L’utilisation d’une piste Stéréo reste forcément une évidence qui permet réellement de plonger au cœur des confessions des uns et des autres y compris lorsqu’elles viennent du passé. La spatialisation offre une belle répartition et ne vient en rien ternir l’émotion suscitée par les témoignages Passionnants et passionnés.