L'histoire de deux sœurs, Celie et Nettie, et de leur famille qui a la particularité d'être de couleur noire au cours de la première moitié du XXeme siècle dans le sud des Etats-Unis.
Nous sommes en 1985, Steven Spielberg est déjà la Golden Boy d’Hollywood avec des succès planétaires comme « Rencontre du 3ème Type » en 1978, « Les Aventuriers de l’Arche Perdue » en 1981, « E.T. L’Extra-Terrestre », l’année suivante et enfin « Indiana Jones et le Temple Maudit » en 1984. Chaque film engrange des sommes faramineuses au Box-Office et chacune de ses sorties est un évènement majeur. Pourtant cette année-là, le réalisateur va prendre tout le monde à contre-pied et nous offrir une histoire intime, pleine d’émotion et de violence, celle de deux sœurs Afro-Américaine durant la première moitié du XXème Siècle dans le sud des Etats-Unis. Adapté du roman, du même nom, d’Alice Walker, lauréat du prix Pulitzer de la fiction en 1983, « La couleur Pourpre » va surprendre tout le monde par la nature même de son sujet, très éloigné de ce que le réalisateur avait pour habitude d’offrir au public. Ici, Spielberg signe une œuvre humaniste et féministe, qui traite aussi bien du racisme ambiant que de la violence familiale.
Surtout « La Couleur Pourpre », c’est, avant tout, un film sur l’émancipation, celle d’une héroïne, d’une jeune fille, puis d’une femme qui aura toute sa vie vécue dans la douleur, dans l’oppression des hommes de la famille. Comme si cela était naturelle, comme si cela faisait partie intégrante de son existence. Il y a d’ailleurs une scène particulièrement parlante, lorsque Harpo, le fils de « Monsieur », vient voir Célie, pour lui demander comment contrôler sa bouillonnante épouse Sofia, la jeune femme lui répond, comme une évidence : « Bats là ». Steven Spielberg filme sur plusieurs années le destin de cette femme qui ne voit jamais la lumière dans un monde qui l’enferme dans un tunnel de servitude et de violence. Il faudra l’arrivé de Shunk, une chanteuse qui bouleverse le cœur de « Monsieur », pour que Cellie découvre que son existence n’est pas une fatalité et qu’elle peut se relever et garder la tête haute.
D’abord écrit par l’auteure du roman elle-même, le scénario fut finalement confié à Menno Meyjes, un scénariste Hollandais qui signera par la suite celui de « L’Empire du Soleil » pour Spielberg également en 1987. Sur les conseils d’Alice Walker, le scénariste va alors focaliser son propos sur les deux héroïnes et mettre toutes les femmes au cœur de l’histoire, Steven Spielberg en tirera alors une histoire dans laquelle il mettra encore un peu de lui-même, comme sa douleur de la famille éclatée, les enfants séparés, déchirés et va également y mettre, comme à chaque fois dans son œuvre, une touche d’optimisme, avec une rédemption possible, une lumière qui finit toujours par briller dans les moments les plus sombres. Ici, Cellie pense que toutes les personnes qu’elle aime, qui ont compté dans sa vie sont systématiquement éloignées d’elle, mais la vie va finir par lui prouver le contraire. Elle pense que l’amour n’existe pas, elle qui a subi les assauts sexuels de son père, avec qui elle a eut deux enfants, puis cet homme à qui elle fut marié de force, et qui ne lui demande jamais si elle se sent bien, mais qui la prend pour sa « Bonne ». Tout son environnement lui parait tellement sombre qu’elle s’accroche à la moindre touche de lumière et à la couleur pourpre de ces champs autour d’elle, qu’elle voyait sans les regarder.
Et puis bien sûr, il y a la révélation Whoopy Goldberg (Sister Act), une actrice magnétique, puissante, qui se laisse porter par son personnage, et pousse toutes les nuances de sa prestation pour donner à Cellie cette innocence, cette naïveté, mais également à mesure que le film avance, cette force et ce charisme qui va capter l’attention du spectateur, dés sa première apparition. Dommage que sa carrière n’ait pas capitalisé dessus, car cette actrice est certainement l’une des plus grandes de sa génération. Face à elle Oprah Winfrey (Le Majordome), incarne également son premier rôle au cinéma et s’y lance à corps perdu. Sa prestation de Sofia est remarquable de puissance et d’émotion. Et puis, évidemment, il y a Danny Glover (L’Arme Fatale), qui se fait violence dans un rôle où il maltraite les jeunes filles et les femmes autour de lui. L’acteur si une prestation précise et maitrisée de bout en bout.