À Tokyo, le reporter américain Jake Adelstein, âgé de 24 ans, intègre le service police et justice du « Yomiuri Shimbun », le plus grand quotidien japonais. Alors qu’il collabore avec la police locale, il est contacté par la mafia. Il devient un interlocuteur des yakusas tout en continuant d’être un informateur de la police. Mais cette position ambivalente n’est pas sans danger.
Inspirées d’une histoire vraie, celle de Jake Edelstein, qui en 2009 sortit un livre, dans lequel il faisait état des liens directes entre les yakuzas et les autorités. Un livre qui mit fin aux agissements de bon nombre d’entre eux. Depuis, ce journaliste d’investigation, a publié plusieurs romans inspirés de ses enquêtes et tout logiquement se retrouve a être adapté en Série Tv, tout en étant producteur exécutif, afin de pouvoir garder un contrôle permanent sur son œuvre et surtout pour que le série reflète au mieux la réalité. Et, le moins que l’on puisse dire, est que le but est atteint, car « Tokyo Vice » se démarque des autres séries du genre par une tonalité presque neutre, qui ne cherche pas le sensationnel, mais se positionne comme un reflet de ce que fut ce Tokyo de la fin des années 90, début des années 2000, où les réseaux sociaux n’existent pas, où Internet n’est pas encore la source privilégiée des complots et autres théories fumeuses. Une époque où les journalistes vont sur le terrain, prennent des risques inconsidérés et cherchent avant tout la vérité, plus que le sensationnel ou le croustillant.
Les deux premiers épisodes, signés Michael Mann (Heat) met d’emblée, le ton en place. La série ne va pas faire crisser les pneus, elle ne va pas dégainer des armes à tout va, non plus. Elle va s’intéresser à ce mécanisme psychologique qui va amener les victimes des Yakuzas a se laisser prendre aux pièges, pour ensuite arriver à une issue fatale dont les bourreaux seront les principaux bénéficiaires. Et dans tout cela, il y a la société nippone avec ses codes, ses fonctionnements, et ces occidentaux qui vivent ou survivent dans un pays qui ne supporte pas l’échec et dont le taux de suicide, particulièrement à cette époque, est l’un des plus élevé du monde.
Le scénario a ça de qualité qu’il ne cherche pas à trop en rajouter, même si les besoins narratifs, peuvent amener à quelques changements, à commencer par les noms des belligérants, excepté celui du journaliste lui-même, il n’en demeure pas moins que les scénaristes ont su trouver la bonne tonalité et surtout éviter les cliché habituels en construisant la psychologie des personnages avec leurs facettes visibles et les plus subtiles, comme les doutes, les peurs ou les ambitions qui commencent à naitre ou à disparaitre à mesure que la série progresse.
Si Michael Mann et les autres réalisateurs se sont immergés dans la culture Nippone, c’est également le cas de l’acteur principal Ansel Ellgort (West Side Story) qui n’a pas hésité à partir pendant plusieurs au Japon, pour y apprendre la langue et pour mieux acquérir les codes de fonctionnement de la société Japonaise et ainsi être en phase avec son personnage. Comme à son habitude l’acteur est précis et parvient à apporter cette nuance si subtile entre l’ambition affichée de son personnage, son côté frondeur et surtout cette attirance que l’on sent tout au long de la série pour ces hommes qui, dans l’ombre tiennent les rênes de l’existence de ces hommes et de ces femmes, tombés dans leurs filets. Des organisations mafieuses qui règnent par la terreur et vont jusqu’à l’abject pour s’enrichir au détriment de la faiblesse de leurs victimes.
« Tokyo Vice » est une série réjouissante qui parvient à éviter le piège de la caricature ou de la mise en scène lourde que l’on peut imaginer dans une série sur les Yakuzas. Ici, le profil psychologique de ces mafieux et leur système de fonctionnement est privilégié à l’aspect voyeurisme et « Action » que l’on pouvait craindre de la part d’un réalisateur comme Michael Mann. Mais ce dernier n’est pas à confondre avec Michael Bay et sa mise en scène sait être plus subtile et plus fine que son collègue et ses gros sabots.