Atteint de leucémie, Jonathan Zimmermann, propriétaire d'un atelier d'encadrements à Hambourg, se sait irrémédiablement condamné. Il rencontre un jour l'Américain Tom Ripley, trafiquant de tableaux. Ce dernier présente à Jonathan l'un de ses amis, qui lui propose de tuer un inconnu contre une forte somme : Jonathan accepte, offrant ainsi une « assurance-vie » et un avenir à sa famille. C'est le début d'une spirale inéluctable...
Réalisé en 1977, et sorti en 1978, « L’Ami Américain » marque un tournant majeur dans la carrière du réalisateur Allemand : Wim Wenders. Lui qui, jusque-là, ne tournait qu’en Allemagne, se lance à la tête d’un projet aux Etats-Unis. Et même si le film est tourné en plusieurs endroits : New-York, Paris, Munich et Hambourg, « L’Ami Américain » est considéré comme le premier film Américain de Wim Wenders. Adapté du roman « Ripley’s Game » de Patricia Highsmith, le film de Wim Wenders est, avant tout l’occasion pour le réalisateur de rendre hommage à ceux qu’il admire et de prouver au monde entier qu’il est un réalisateur sur lequel il faut compter.
Toujours incarné par le comédien fétiche du réalisateur : Bruno Gantz (Les Ailes du désir), cet « Ami Américain » est, en fait, comme à chaque fois dans l’œuvre de Highsmith, une fausse d’histoire d’amitié, dans laquelle le personnage de Tom Ripley, interprété cette fois ci par Dennis Hopper (Easy Rider), joue un jeu ambigu et prend au piège sa victime (Bruno Ganz, donc !). Sur un scénario qu’il a lui-même adapté, Wim Wenders ne va pas simplement s’essayer à l’exercice de raconter une nouvelle histoire avec Tom Ripley, après « L’inconnu du Nord Express » par Hitchcock en 1951, « Plein Soleil » de René Clément en 1960, « Le Meurtrier » de Claude Autant-Lara en 1963, « Dites-lui que je l’aime » de Claude Miller en 1977, et en attendant « Eaux Profondes » de Michel Deville en 1981 et « Le Cri du Hibou » de Claude Chabrol en 1987, il va au contraire en profiter pour continuer d’explorer les villes de son Allemagne qui lui tient tant à cœur. Avant Berlin en 1987 dans « Les Ailes du Désir », c’est Hambourg qui va, principalement servir de décor au film. Et même si « L’Ami Américain » passe par New-York, et Paris, c’est principalement Hambourg qui va devenir l’un des personnages principaux du film. Le réalisateur ne cherche d’ailleurs pas dans sa mise en scène à la rendre belle, mais à la rendre authentique. Authentique comme ses personnages, plongés dans une histoire qui les dépasse.
Ici, Jonathan Zimmerman qui est atteint de leucémie et qui va devoir accepter, une sorte de pacte avec le diable, dont Ripley semble être l’émissaire, pour pouvoir s’assurer qu’après son ultime voyage, sa femme et son fils pourront avoir une somme d’argent qui leur permette de voir l’avenir autrement. A travers un scénario qui laisse les personnages évoluer lentement, mais pas trop, Wim Wenders va rendre hommage à l’art de la peinture, de la photo et du cinéma. Et cela se verra d’ailleurs dans sa mise en scène et ses choix d’acteurs, comme Dennis Hopper, déjà réalisateur de l’incroyable « Easy Rider », photographe et peintre reconnu. On trouve également au détour de plans plus ou moins longs des réalisateurs qui ont marqué Wim Wenders : Samuel Fuller (Le Kimono Pourpre), Nicholas Ray (La Fureur de Vivre) ou encore Jean Eustache (la Maman et la putain).
« L’Ami Américain » de Wim Wenders et une œuvre fondatrice de la carrière Américaine du réalisateur Allemand, dans laquelle, il va peindre des personnages aux prises avec des doutes et des sentiments fondateurs face à la mort imminente. Adaptation du roman « Ripley’s Game » de Patricia Highsmith, « L’Ami Américain » est un thriller qui ne relâche jamais la pression et la laisse monter petit à petit, à travers les tourments de ses personnages et particulièrement l’attitude ambiguë et manipulatrice de Ripley et du commanditaire français Raoul Minot, jour par un Gérard Blain (La Derelitta), froid et cynique.