Depuis qu'il a renoncé à sa vie d'assassin au service du gouvernement, Robert McCall peine à faire la paix avec ses démons du passé et trouve un étrange réconfort en défendant les opprimés. Alors qu'il a trouvé son havre de paix dans le sud de l'Italie, il découvre que ses amis sont sous le contrôle de la mafia locale. Quand les événements prennent une tournure mortelle, McCall sait ce qu'il doit faire : protéger ses amis en s'attaquant à la mafia.
Bon, il faut bien le dire, lorsque l’on voit un film avec en tête d’affiche Denzel Washington, mise à part quelques surprises, nous ne sommes pas forcément surpris de la voir en justicier sombre et moralisateur. Plus il vieillit, plus l’acteur s’enferme dans ce personnage de vieux sage à la Mr Myiagi de « Karaté Kid », avec son air de ne pas en être et son efficacité à toute épreuve en ce qui concerne le fait de défendre la veuve et l’orphelin. Le Bonhomme fait son regard le plus sombre possible et en un minimum de mouvements, il parvient à neutraliser les ennemis les plus récalcitrants. Et si le comédien porte fièrement ce rôle qu’il s’est offert lui-même, il sait parfois nous surprendre avec des films tels que « Frances » dans lesquels il apparait avec beaucoup plus de sensibilité.
Avec « Equalizer 3 », nous sommes plutôt dans la première catégorie de films, ceux où Denzel fait du Denzel ! Un personnage à la fois affable et taciturne. Quelqu’un qui semble toujours cacher un mystère, mais qui parait si simple et si à l’écoute des uns et des autres que nous pourrions lui donner le bon dieu sans concession. Mais voilà, au pays de Denzel, tout n’est pas ce qu’il semble être et il n’en faut pas beaucoup pour réveiller la bête de guerre qui sommeille en lui. Ainsi, après s’être découvert l’âme d’un justicier dans les deux premiers opus, Robert McCall a décidé de se tenir un peu tranquille, de prendre sa retraite en Italie, alors qu’il vient d’achever une ultime mission, dont on ne sera rien avant la fin du film, jusqu’à ce que des très méchants membres de la mafia locale s’attaquent à la tranquillité des habitants de la petite ville Italienne où il a trouvé son refuge, et le Denzel pas sympa se réveille et profère sa menace ultime avec une froideur naturelle.
Avec une mise en scène toujours aussi bien tenue, Antoine Fuqua, qui connait bien le comédien pour avoir déjà tourné avec lui « Training Day », le fait évoluer dans un univers qui lui va comme un gant. A un rythme effréné, il mène son intrigue et offre la possibilité à Denzel de distiller des petits discours à destination du public qui verra ce film et comprendra que la bonne voie à suivre n’est pas celle des gangs, ni celle des mercenaires, mais celle de Mr Washington qui s’est vu ouvrir les voix de la sagesse à travers une carrière militaire, que le rend presque invincible mais toujours sensible. Trêve d’humour, « Equalizer 3 » ne vole pas bien haut, et se perd même dans son propre scénario, avec une intrigue secondaires, traitée plutôt comme un accessoire de l’intrigue plus que comme un élément essentiel de la narration, mais il répond de toutes les manières à ce qu’attendent les fans du comédien, de la même manière que ceux de Tom Cruise, qui ne veulent plus le voir jouer des personnages sensibles mais plutôt des héros qui saute au-dessus des bombes, distribue des foires aux bourre pifs à qui en demande et se tire toujours des mauvais pas.
Mais rendons à César ce qui appartient à Denzel, le comédien est juste dans son jeu, minimise les gestes pour mieux rendre son personnage captivant. Et ce troisième opus, qui ne manque pas de panache, que ce soit dans la mise en scène ou dans la chorégraphie des combats apporte tout ce que l’on vient chercher dans un film d’action, mais également sait prendre son temps pour que les spectateurs puissent apprécier les personnages et s’identifier à eux. Pourtant si tout est soigné autour de la star, qui retrouve également sa jeune collaboratrice de « Man on Fire » (2004) de Tony Scott : Dakota Fanning, la direction du reste de la distribution est un peu légère et manque parfois de justesse, particulièrement Andréa Scarduzio (Le Jeune Messie) qui ne cesse de se déformer le visage pour montrer la méchanceté de son personnage.
En conclusion, « Equalizer 3 », n’est pas le film de l’année, même pas le film d’action de 2023, mais il reste un divertissement efficace qui saura répondre à l’attente des fans. Denzel Washington, y fait du Denzel et rien de plus. Il façonne en permanence son personnage son rôle d’ancien militaire, rompu aux techniques de combats et sait défendre les faibles. La mise en scène d’Antoine Fuqua est précise et dynamique. Rien ne manque, si ce n’est une direction d’acteur secondaires plus soignée et une maitrise plus subtile du scénario en ce qui concerne les intrigues secondaires.