Inspiré d'un fait réel, le film raconte l'histoire de Patty et Drake qui viennent d'acheter la maison de leurs rêves à San Francisco. Pour les aider financièrement, ils décident de louer la chambre du rez-de-chaussée et choisissent un dénommé Carter Hayes qui semble être le locataire idéal. Mais dès son emménagement, les choses tournent mal...
La fin des années 80 et le début des années 90, ont vu de nombreux films sortirent mettant en scène des gens ordinaires pris au piège de psychopathe, comme « Liaison fatale » d’Adrian Lyne en 1987, ou encore « JF Partagerait appartement » de Barbet Schroeder en 1992, sans parler dans un autre style de « Basic Instinct » de Paul Verhoeven. Avec « Fenêtre sur Pacifique » de John Schlesinger, réalisateur de « Macadam Cowboy » en 1969 ou de « Marathon Man » en 1976, et dont la particularité est de parler d’homosexualité à une époque où le sujet est encore tabou. Pourtant, ici, le scénario de Daniel Pyne (La Somme de toutes les peurs) est très éloigné de ce sujet et s’inspire d’un fait réel dans lequel un couple non marié achète une maison de style victorien, afin d’en louer une partie. Mais lorsqu’un locataire, qui s’impose d’une certaine manière, emménage, le cauchemar va commencer, car l’homme n’est pas du tout celui qu’il prétend être.
Insidieusement, mais surement, le scénario va alors faire monter la pression et nous entrainer dans une intrigue où les doutes vont d’un endroit à l’autre et où l’on voit l’impuissance des jeunes propriétaires se heurter à la détermination du locataire menaçant. Ce qui est amusant, c’est que Schlesinger va tout de même mettre dans sa mise en scène, ses thèmes favoris avec des couples homosexuels qui n’auront aucune importance dans le déroulement de l’intrigue, mais seront présent dans une ville où la communauté gay est reconnue pour y avoir l’un des quartiers les plus connus au monde : San Francisco. Passé ces détails, le réalisateur distille ses indices, et n’hésite pas les plans serrés pour mieux faire monter la pression. Il utilise toutes les perspectives pour noyer ses personnages dans le piège qui se referme petit à petit sur eux.
C’est surtout les prestations des trois acteurs principaux qui vont faire la différence, à commencer par Melanie Griffith (Le Bucher des Vanités) qui va offrir une prestation maitrisée, entre femme innocente et pourtant déterminée à démasquer ce locataire gênant et inquiétant. Ce dernier est d’ailleurs interprété par un Michael Keaton, qui après avoir joue les justiciers masqués dans le « Batman » de Tim Burton et le mauvais fantôme dans le « Beetlejuice » du même Tim Burton, semble beaucoup s’amuser à jouer un personnage inquiétant et en même temps totalement normal, manipulateur et escroc de haut vol. L’acteur est remarquable de froideur et de fausseté. Et enfin Matthew Modine, que l’on a pu voir chez Stanley Kubrick en 1987 dans « Full Metal Jacket » qui joue un peu plus en retrait un jeune homme qui doit également se battre contre ce locataire qui n’hésite à utiliser la violence pour pouvoir continuer de pratiquer ses obscurs desseins.