Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Après avoir créé l'événement en Avril dernier avec la première partie de sa révision des « Trois Mousquetaires » d'Alexandre Dumas, centrée sur le personnage de D'Artagnan, Martin Bourboulon nous invite à découvrir la suite de cette aventure épique, tout simplement appelée « Les Trois Mousquetaires : Milady ».
Toujours porté par Eva Green en Milady et François Civil en D'Artagnan, ce second volet se révèle moins épique, mais tout aussi romanesque que le premier. Ici, Constance Bonacieux a disparu et D'Artagnan court à sa recherche pendant que Milady, justement, elle, n'a pas dit son dernier mot après sa fausse mort dans le premier volume. Martin Bourboulon, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte continuent de revisiter ce chef d'œuvre de la littérature d'aventure française dont on ne compte plus les multiples adaptations, mais avec un ton qui mélange le classicisme de l'époque et la modernité des dialogues. Toutefois dans leur révision, les auteurs ont décidé de reléguer le personnage de Richelieu, en second plan, pour s'intéresser aux personnages évidemment, mais également pour tourner le visage vers un autre plus sulfureux, plus dans l'ombre encore que le célèbre cardinal, et qui aurait pour but de tuer le roi. Un choix audacieux, qui a pour mérite de coller beaucoup à la réalité historique qu’à celle décrite dans les romans de Dumas, qui aurait pu s'avérer payant, si ce ne sont des situations qui restent en suspens, des menaces dont on ne voit pas la finalité, et une conclusion qui laisse à penser qu'un troisième film pourrait éventuellement être envisagé. Pour ceux qui connaissent « Les Trois Mousquetaires », cette mise à l'écart de Richelieu et ces portes jamais refermées laissent un sentiment de frustration dans l'esprit des spectateurs.
Pour autant la mise en scène de Martin Bourboulon reste inventive et dynamique, il cherche constamment à surprendre et nous propose chaque fois un angle de caméra à hauteur des personnages, pour mieux immerger le spectateur dans l'histoire. La mise en scène des combats est somptueuse, à l'instar de la prise de La Rochelle dont le réalisateur a su trouver l'illustration parfaite pour la rendre aussi forte que n'importe quelle bataille des films épiques de légende du cinéma américain. On pense d’ailleurs aux « Seigneurs des Anneaux » de Peter Jackson, tant le réalisateur offre une scène dantesque où le noir et le jaune viennent appuyer une tension palpable qui rend l’aventure encore plus passionnante. Même si le film change de cap, par rapport au premier, en étant plus romanesque qu'épique, le réalisateur parvient, tout de même, à garder un certain rythme et une inventivité qui donne à ce deuxième volume des « Trois Mousquetaires : Milady » une véritable profondeur qui manquait peut-être au premier. D’ailleurs l’humour y est plus présent et les échanges restent toujours aussi savoureux entre classicisme et modernité.
Côté distribution, Eva Green (Dumbo) continue de parfaire avec un magnétisme évident son personnage de Milady. Face à elle François Civil (Bac Nord) gagne en profondeur dans sa quête pour retrouver Constance Bonacieux. Les trois autres compères sont plus effacés, même si Vincent Cassel (La Haine), dont les bases du passé de son personnage : Athos, étaient posées dans la première partie, prend encore plus d'épaisseur, mais se voit tout de même relégué au second plan. Seuls Portos (Pio Marmaï) et Aramis (Romain Durys) parviennent à prendre plus de place et voient leurs personnages trouver une place plus importante
Une deuxième partie, donc, plus romanesque que la précédente mais qui frustre par la relégation en second, voir troisième, plan d'un Richelieu, pourtant personnage pivot de l'œuvre de Dumas. Le film se concentre que la quête de D'Artagnan et sur le passé Milady, mais parvient à conclure avec brio et puissance une aventure commencée en avril et qui avait déjà mis la barre haute dans son adaptation du célèbre roman de Dumas. A noté tout de même, que cette adaptation en deux parties des « Trois Mousquetaires » vient rétablir des vérités historiques, qui deviennent du coup la cause de certaines décisions scénaristiques qui surprennent sans pour autant dénaturer l’œuvre de départ.