Un soir, en conduisant en ville, un couple bourgeois, Hélène et Paul, est témoin d'une scène violente : Malika, une prostituée, est poursuivie par des truands. La jeune fille appelle à l'aide, tente de se réfugier dans la voiture du couple, mais Paul verrouille les portières du véhicule. Malika est alors tabassée et laissée pour morte sur le trottoir. Le conducteur s'empresse de nettoyer sa voiture pour faire disparaître les traces de sang, tandis que sa femme cherche à savoir ce qu'est devenue cette jeune fille. Elle la retrouve dans le service de réanimation d'un hôpital parisien et la soutient dans sa lente résurrection, délaissant quelque peu son foyer. Mais les proxénètes qui ont agressé Malika n'entendent pas la laisser tranquille, et bientôt Hélène se retrouve impliquée dans une histoire qui la dépasse : elle entreprend de redonner goût à la vie à la prostituée et de la tirer des griffes de ses bourreaux.
La réalisatrice Coline Serreau n’est pas une inconnue des grands écrans et a même su s’offrir de grands succès comme « Trois Hommes et un Couffin » en 1985 et « La Crise » en 1992, qui offrit l’une des plus belles tirades à l’actrice Maria Pacöme. Entre temps et je dirais même depuis, la réalisatrice a décidé de ne se lancer que dans des projets qui correspondent à ses envies, à ses idées ou à ses réflexions avec plus ou moins de succès, comme avec « La Belle Verte », sorte d’ovni, à la fois critique de la société et œuvre écologique, et puis il y a eu « Chaos » en 2001. Un film sur un couple qui en rentrant d’une soirée se retrouve témoin de l’agression d’une jeune femme qui les appelle au secours, mais qui préférera verrouiller les portes de la voiture et s’enfuir. S’ensuit une remise en question de la femme qui va aider la jeune femme à retrouver la santé, dans un premier temps puis à assouvir sa vengeance envers ses bourreaux.
Ce qui est intéressant dans le cinéma de Coline Serreau, c’est sa vision de la famille. Une sorte de cellule chaotique où la femme est souvent le point central, mais souvent la personne la plus oublié et la plus ignorée de la cellule familiale. C’est à une œuvre, bien évidemment féministe que l’on assiste, mais c’est aussi une œuvre, nous sommes en 2001, politiquement incorrecte car elle aborde le sujet de l’Islam, à travers le regard de cette femme et n’en donne pas une vision idyllique. Non pas, que la réalisatrice puisse être taxée de raciste, elle le serait certainement, maintenant où tout est détourné et volontairement mal interprété, mais elle a, au contraire, voulu opposer et peut-être même voulu faire un parallèle entre deux cultures qui cohabitent, mais qui, au final se ressemblent tellement.
Car le personnage de prostituée, magnifiquement interprétée par Rachida Brakni (Houria), s’est retrouvée piégée dans un réseau de prostitution, suite à un mariage forcée orchestré par son père. Non pas que lui soit partie prenante du réseau, mais son choix, sa culture ont jeté sa fille dans les bras d’un proxénète. Dés lors, la jeune femme n’a qu’une envie s’échapper et éviter à sa sœur le même destin. Face à elle, il y a donc le personnage interprété par Catherine Frot (Marguerite) toujours aussi impeccable, enfermée dans une vie dans laquelle elle ne s’épanouie pas entre un mari qui ne la regarde plus et un fils qui se désintéresse d’elle. Le destin des femmes est radicalement différent, mais pourtant similaire.
Coline Serreau, n’a pas cherché à critiquer l’Islam, mais a su trouver dans son scénario la note juste pour parler des femmes, et particulièrement de la place des femmes au sein de la religion Musulmane et de ceux, de la même manière que dans toutes les autres religions, de ceux qui l’interprètent et l’utilisent à leur avantage. Pour le reste, « Chaos » c’est avant tout un film féministe, pas toujours parfait, notamment parce que la réalisatrice a choisi une mise en scène qui soit très théâtrale et parfois très proche du jeu des grandes tragédiennes du début du XXème siècle et donne au film une texture qui parfois manque de sincérité.