Le banquier Jules Taffard, en vrai financier, est un manieur d’argent astucieux. Emprisonné pour une prétendue escroquerie, il s’évade de la prison de la Santé. Sous un faux nom, il devient un modeste homme à tout faire dans un magasin de corsets. Faisant bien fructifier les affaires de sa patronne, il recommence une nouvelle carrière de financier et se retrouve rapidement à la tête d’un véritable empire économique.
Réalisateur, un peu oublié, Pierre Colombier qui a commencé a carrière comme dessinateur humoristique et caricaturiste dans différents journaux. Puis dés les années 20, il commence une carrière de réalisateur avec deux courts métrages muets. Il va, par la suite se spécialiser dans les comédies de boulevard et connaître le succès avec ses films, où le public se presse pour voir les comédies de Colombier. Avec « Ces Messieurs de la Santé », il va prendre un léger virage où la comédie se teinte d’une certaine noirceur, puisqu’il va suivre le parcours de Jules Taffard, Banquier, Escroc qui va prendre un plaisir redoutable à manipuler les propriétaires d’une fabrique de corsets. On comprendra évidemment que le réalisateur va alors monter une intrigue où les personnages naïfs et vénaux vont être au centre de la manipulation de Taffard.
« Ces Messieurs de la Santé », est également l’occasion pour l’acteur Raimu, dont la carrière est marquée par sa grande collaboration avec Pagnol. L’acteur rompu à l’exercice du théâtre, à fait de son phrasé et de son énergie, une marque de fabrique. Après les succès triomphant de la Trilogie Marseillaise (Marius, Fanny et César), l’acteur veut montrer une autre facette de son talent et notamment avec un personnage, toujours aussi prompt à entrer dans de grandes colères avec des monologues virulent et déclamés avec panache, mais surtout il compose un rôle de manipulateur, où son phrasé oscille entre séduction manipulatrice, douceur et force. Inspiré de l’affaire Stavisky, le scénario permet à Raimu de créer un personnage à l’ambiguïté évident, où l’acteur est brillant de précision.
Et la mise en scène de Pierre Colombier va dans ce sens, à jouer sur les personnages et en jouant des plans serrés sur ses acteurs où de plans plus larges, comme s’il mettait les victimes sur une scène de théâtre, où le meneur de jeu, viendrait à utiliser leurs faiblesses pour mieux faire rire et en même horrifier le spectateur. « Ces messieurs de la Santé » est surtout l’un des premiers films qui mette en scène une histoire inspirée de faits d’actualité proche et s’en amuse presque pour divertir le spectateur tout en amenant une conclusion redoutablement efficace, qui montre que tout ce que nous avons vu, faisait partie d’une escroquerie dont seulement la conclusion nous apportera la réponse. Cette restauration est enfin l’occasion de redécouvrir l’œuvre de ce réalisateur un peu oublié et cet acteur dans un rôle plus nuancé que ceux qui ont fait sa réputation.