Lorsque, par une nuit de pleine lune, l'éditeur new-yorkais Will Randall se fait mordre par un loup qu'il a renversé en voiture, il ignore que cet accident va changer le cours de sa vie.
Le réalisateur Mike Nichols n’est pas un inconnu, loin de là, puisqu’il fut celui derrière des classiques du cinéma américains tels que « Qui a peur de Virginia Woolf ? » (1966) ou encore « Le Lauréat » (1967), et la liste est encore des longues des succès de celui qui nous a quitté il y aura tout juste 10 ans en Novembre prochain. L’éditeur ESC a décidé de rééditer « Wolf », qui n’est peut-être pas le meilleur du réalisateur américain, qui a su avec beaucoup plus de brio dépeindre des amours tourmentées dans des œuvres plus abouties par le passé. Mais pour sa première et unique incursion dans le film Fantastique, Mike Nichols nous livrait avec « Wolf », une histoire beaucoup plus nuancée qu’il n’en paraissait.
Car, en utilisant le mythe du Loup-Garou comme trame de fond, le réalisateur va surtout faire une métaphore de la société où celui qui ne se transforme pas en prédateur implacable se retrouve la cible des arrivistes et des carnassiers de la finance en tout genre, une innocence qui peut le rendre aveugle de la trahison qui se niche jusque dans son propre foyer. Mais lorsque l’innocent se transforme en Loup-Garou c’est tout le monde qui l’entoure qui tremble. En se basant sur un scénario du duo Jim Harrison (Légendes d’Automne) et Wesley Strick (Les nerfs à vif), Mike Nichols impose un style et une lecture moins gore et plus contemporaine du mythe du Loup-Garou. Et si l’ensemble souffre parfois de quelques longueurs, notamment de grandes interrogations sur l’amour et l’ambition, le scénario réserve de grandes surprises et bonnes surprises, comme certains aspects propres à la race canine adaptés à la société humaine et ce que cela peut provoquer comme remous.
D’ailleurs la mise en scène de Mike Nichols va complètement dans ce sens, et même si parfois certaines scènes manquent de direction ou de fluidité comme certaines virées nocturnes Will Randall en pleine transformation, elle parvient avec parfois un certain sens de l’humour à utiliser ces transformations parfois subtiles en atout pour cet homme qui voit sa vie piétiner par ceux qui l’entoure et va utiliser ce que la nature et sa malédiction vont lui apporter pour reprendre les clés de son destin et mettre à mal les desseins de ses ennemis de l’ombre.
C’est d’ailleurs grâce à la prestation idéal et inspirée de Jack Nicholson (Vol Au-dessus d’un Nid de Coucou), que le film prend tout son sens. L’acteur est puissant et radicalement incisif dans son jeu face à ses partenaires qui n’ont plus qu’à suivre le mouvement d’un acteur remarquable de précision, jusqu’au plus petit détail. D’ailleurs, il fallait bien face à lui, d’abord Michelle Pfeiffer (Ladyhawke la femme de la nuit) pour venir contre balancer la puissance de jeu de l’acteur. L’actrice impose sa présence et son charisme dans un personnage tout en nuance, qui joue entre rébellion et soumission feinte, la femme amoureuse de celui qu’elle croit d’abord comme quelqu’un brisant les conventions, puis qui se laisse séduire par le côté sombre du personnage. Mais n’oublions pas non plus James Spader (Sexe, Mensonge et Vidéo), qui joue avec une redoutable efficacité, l’ami qui est en fait le traitre, qui dés lors qu’il est découvert, se transforme en personnage vénale et cupide.