Un jeu de télévision barbare animé par un présentateur vedette et où chaque candidat risque sa vie, connaît un succès considérable auprès des téléspectateurs. François Jacquemard, un chômeur, relève le défi. Mais il découvre bientôt que le jeu est truqué. Furieux, il abat ses poursuivants...
Voilà un film intéressant à regarder ! De 1983, « Le Prix du Danger » d'Yves Boisset, est inspiré de la fin d'une nouvelle de Robert Shekley : « The Prize of Peril » dans laquelle, sur les dernières pages, l'idée d'une émission de TV suivant un homme qui doit survivre à une chasse à l'homme, fait son apparition. Une nouvelle d'anticipation qui situe l'action en 2005, cela raisonne un peu dans nos esprits, à l'heure de toutes sortes de télé-réalité, mais où les chaînes infos, également, et autres reportages, ont transformé notre environnement médiatique en sortes d'arène où, nous, spectateurs passifs, regardont froidement en dévorant notre repas, des hommes, des femmes et surtout des enfants vivre les horreurs de la guerre, ou d'autres se faire battre à mort par des policiers, un peu trop zélés, et que sais-je encore, nous regardons en boucle les images d'un homme de couleur noire agoniser sous la pression des genoux d'un autre policier qui n'entend plus les cris de la souffrance, de sa victime. Une nouvelle éditée en 1960, qui imaginait déjà un avenir médiatique sombre, et où les spectateurs seraient assoiffés de souffrance, de sang et de mort. Yves Boisset en tira un scénario, avec l'aide de Jean Curtulin (Train d'Enfer) qui ne s'intéresse qu'à cette émission dans laquelle, un homme va volontairement participer à une chasse à l'homme, dont il est lui-même le gibier et est poursuivi par d'autres volontaires qui font office de chasseurs. Pas de quartier, l'homme est destiné à perdre la vie s'il ne gagne pas.
Bien avant les « Hunger Games » (2012-2015) de Gray Ross et Francis Lawrence, encore plus avant « Running Man » (1987) de Paul Michael Glaser, avec Arnold Schwarzenegger, d'après une nouvelle de Richard Bachman alias Stephen King, et dont les nombreuses similitudes débouchèrent sur un procès que les français gagnèrent en premier jugement, perdirent en Appel et regagnèrent en Cassation, mais dont la longueur des procédures et les frais faramineux d'avocats ne donneront finalement pas grand-chose en dommages et intérêts, Yves Boisset avait donc l’idée de cette chasse à l’homme orchestrée par une chaine de Télévision aux audiences faramineuses.
Refermons, cette page judiciaire pour s'intéresser au film d'Yves Boisset dont la première de ses qualités est de livrer une vision cynique et froide de notre société de l'an 2000, que nous connaissons maintenant et, encore une fois, qui raisonne particulièrement proche de notre réalité. Avons-nous évolué ? Régressé ? Le propos n'est pas là, mais « Le Prix du danger » se base sur un scénario solide et intuitif qui voit une société médiatique, l'œil rivé sur l'audimat, sur les parts d'audience et regarde ses candidats comme des éléments du décors, tout au plus. Avec une mise en scène qui joue sur le spectacle, un dynamisme de film d'action et une force narrative qui repose sur des personnages avides et laissant leurs frustrations s'offrir au rôle qui leur est donné, Yves Boisset signe une œuvre dystopique, peut être l'une des premières de cette décennies, populaire et à destination du grand public, tout en pointant le cynisme à venir d'une société qui regarde Paris Match ( Le poids des mots, le choc des photos) et se gave maintenant de la souffrance des autres, encore plus si elle est réelle, ou peut aussi aimer se lover dans le rôle du voyeur qui assiste de son canapé à la vie intime de ses stars.
Gerard Lanvin (Camping) en candidat déterminé et parfois dépassé par la réalité, offre une prestation pas toujours juste, mais physique qui force le respect. Face à lui nous retrouvons un casting trois étoiles avec notamment Michel Piccoli (Les choses de la vie), incroyable de cynisme, particulièrement lorsqu'il joue sur les modulations de sa voix. Nous y retrouvons également Marie France Pisier (L’as des As) ou encore Bruno Cremer (Noces Blanches), deux acteurs qui aiment jouer également sur la nuance et sur la froideur de leurs personnages. La conclusion du « Prix du Danger » est un exemple de plus sur la vision sombre et peut-être pessimiste d'une société à venir, alors que la décennie des années 80, ne faisait que commencer. « Le Prix du Danger » est une œuvre à (re)découvrir, tant sa vision cynique de la société des années 2000 n'était pas si éloignée de la réalité.