Paris 1887. À cette époque, seul le duel fait foi pour défendre son honneur. Clément Lacaze, charismatique maître d’armes se retrouve happé dans une spirale de violence destructrice. Il rencontre Marie-Rose Astié, féministe en avance sur son époque, et décide de lui enseigner l’art complexe du duel. Ils vont faire face aux provocations et s'allier pour défendre leur honneur respectif.
Depuis « Seul dans Berlin » en 2016, Vincent Perez a pris son temps, pour livrer cette histoire d'honneur à une époque où ce dernier se défendait par le sang. Bien des siècles après les Mousquetaires, dont le deuxième volet est sorti quasiment en même temps et à peut-être empêché ce film de trouver son public, le film de Vincent Perez offre un bel écrin à un art beaucoup utilisé mais jamais réellement mis à l'honneur. Car, pour autant, « Une Affaire d'Honneur » ne démérite pas, loin de là ! Sur un scénario qu'il a lui-même signé avec la collaboration de Karine Silla (Épouse moi), Vincent Perez nous plonge dans une histoire autour de ces duels, principalement à l'épée. Comme il le dit si bien, l'idée lui est d'abord venue de cette envie de faire un film sur l'art de l'épée, lui qui, durant sa carrière, a tourné dans bon nombre de films où il maniait le fleuret, le Sabre ou l'épée. Puis est arrivé le film « J'accuse » de Roman Polanski en 2019, dans lequel le réalisateur jouait l'avocat de Jean Dujardin. Ce dernier l'a d'ailleurs poussé à réaliser ce film qui viendrait parler, à la fois d'un maître d'arme mais également de ces duels qui firent couler le sang d'un grand nombre d'hommes soucieux de défendre leur honneur. Il lui fallut faire beaucoup de recherche, pour trouver la base même de son histoire.
Le résultat est là, un film qui nous plonge, de la même manière que « Les Duellistes » (1977) de Ridley Scott, dans cette société où les hommes se défient pour des raisons parfois insipides et où le conflit de génération peut parfois prendre des proportions dramatiques. Ici, un maître d'armes se retrouve prit dans une spirale de violence et de sang, après que son neveu eut été provoqué en duel par un colonel avide de sang et d'honneur. Ce qui est intéressant dans le scénario c'est qu'il va non seulement construire une intrigue autour d'un drame familial, mais qu'il va surtout, d'abord, mettre en lumière l'art de l'escrime, ce sacerdoce nécessaire pour être digne de faire partie de cette catégorie qui parvenait, pour les meilleurs, à être au-dessus de tous les privilèges de l'aristocratie. Avec une véritable minutie et l'aide de Michel Carliez, grand maître d'arme français, qui a travaillé avec les plus grands et notamment sur « Cyrano de Bergerac » (1990) de Jean Paul Rappeneau, Perez va illustrer l'entraînement, l'approche du maniement de ces armes nobles, qui demandent une précision dans le geste et dans la posture. Sans jamais oublier de garder une dynamique de narration, mais en préservant une certaine sobriété qui l'éloigne de la flamboyance voulue des « Trois Mousquetaires » de Martin Bourboulon. Vincent Perez livre une œuvre touchante en forme d'hommage à ce sport si souvent utilisé au cinéma, mais rarement aussi bien mis en valeur que dans « Une Affaire D'Honneur ». On y découvre, dans une lumière soignée grâce à la photographie de Lucie Baudinaud (Un Dernier été), une œuvre qui se veut la plus proche possible de la réalité, avec ses nuances de tons, dues à la différence d'éclairage de l'époque, qui passe de la lampe à gaz à l'électricité nous sans appréhension. « Une Affaire d'honneur » c'est avant tout un film qui tourne autour de personnages forts et charismatiques, dans une société qui connaît également, ses premiers combats féministes.
Et il fallait des acteurs forts comme Roschdy Zem (Roubaix la nuit) pour incarner ce maître d'arme qui prend lui-même conscience de l'aberration de ces duels et de la dérive qui entraîne certains. Et puis il y a Doria Tillier (Bolero), qui interprète avec beaucoup de force et de charisme, Marie-Rose Astié de Valsayre, la première grande combattante féminine, dont le premier des combats de faire tomber l’interdiction faites aux femmes de porter des pantalons. N’oublions pas les prestations impeccables de Guillaume Galliene (The French Dispatch), de Damien Bonnard (Les Misérables) et bien sûr celle du réalisateur en Colonel assoiffé de duels.