Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.
Il y a des films qui vous cueillent par leur fausse simplicité, mais par la vision épurée de leurs discours. Cest le cas de « Perfect Days », le nouveau film de Wim Wenders qui, une fois encore, nous plonge dans une ville, dans laquelle évolue un personnage, dont on va suivre le parcours. Ici, il s’agit de Hirayama, un mot qui vit dans la mécanique bien rodée de son quotidien au milieu d’un Tokyo d’une beauté saisissante. Le scénario ne cherche pas à être bavard, il est, à l’image de son personnage, plutôt avare de paroles superflus. Seuls les personnages qui gravitent autour d’Hirayama remplissent l’espace des mots, sinon, ce sont les sons de la ville, des arbres, des oiseux et du quotidien. Car c’est tout de suite la grande surprise de ce film, que de nous faire entendre les sons, celui du parquet du studio de notre héros, les pages de son livre, sa respiration ou encore le bruit de sa bouilloire. Les sons semblent amplifiés et cela nous oblige à tendre l’oreille à y prêter attention.
Hirayama vit, un peu, comme un moine, il exécute son travail quotidien avec précision, méticulosité, et ne parle pas, comme pour mieux écouter, pour mieux ressentir les choses. Non pas qu’il soit en dehors de la société, non, il en est un élément discret, presque invisible, mais essentiel. Face à lui l’autre personnage du film : Tokyo, magnifié par l’œil du réalisateur, qui commence par mettre en scène les toilettes publiques de la ville, leur architecture surprenante, la propreté presque maniaque du lieu. Et puis ensuite, il nous plonge dans les rues, les parcs, les routes sinueuses. Nous sommes loin du Tokyo bruyant, surpeuplé que l’on a l’habitude de nous montrer, ici, nous restons face à une ville à travers les yeux de notre héros. Les rencontres qu’il fait qui vont faire ressurgir le passé, le calme ambient qui vient apaiser comme le regard d’Hirayama, qui semble ressentir le cœur de la ville à travers ses arbres.
Wenders, mieux que tout autre réalisateur, sait filmer une ville, montrer sa beauté, son magnétisme. Il sait s’inspirer de la culture, de l’époque. Il fit si bien avec l’Allemagne, les Etats-Unis ou la France, il fait encore mieux avec Tokyo, qu’il rend magique, lumineuse, aspirante et apaisante. Pour cela, il va utiliser le jeu de son acteur principal, l’incroyable Koji Yakusho, que l’on a pu voir dans « Babel » (2006) d’Alejandro Gonzalez Inarritu ou encore dans « 13 Assassins » (2012) de Takashi Miike. Le comédien est saisissant de simplicité dans son jeu, ce qui le rend encore plus puissant. Nous restons captivés par son regard, par sa gestuelle. Il maitrise chacun de ses gestes, chacune de ses respirations, pour ne jamais sortir d’un personnage d’une simplicité renversante, qui aime la beauté de la nature de la même manière que celle de l’espèce humaine dans toute sa diversité. La scène finale est d’ailleurs une apothéose de l’art de l’acteur.
« Perfect Days » est un film simple, sur un personnage qui aime profiter de chaque jour en étant utile et discret, de la même manière que les arbres qu’il aime regarder et photographier. Un film a voir juste pour le plaisir de se sentir apaiser par des images magnifique de Tokyo et par un acteur au sommet de son art.