Dans DUNE : DEUXIÈME PARTIE, Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.
Denis Villeneuve avait déjà fait preuve de son savoir-faire en matière de revival, avec l’incroyable inventivité matinée de nostalgie de « Blade Runner 2049 » qui semblait avoir été tourné dès le clip de fin du premier opus signé par Ridley Scott en 1982. Le réalisateur Canadien avait su faire preuve d’une parfaite connaissance de l’œuvre de Philip K.Dick autant que celle du réalisateur Britannique, au point d’en devenir le fils presque légitime et d’en sortir une œuvre d’une puissance visuelle hors du commun. Villeneuve avait su rendre son « Blade Runner 2049 » à la fois légitime et personnel, avec des plans posés en lenteur et en force esthétique remarquable.
Il apparaissait presque évident qu’il se devait d’être le candidat idéal pour une nouvelle adaptation de l’œuvre somme de Frank Herbert : « Dune ». Et pour les fans de l’auteur comme pour les néophytes, Une telle adaptation permettrait au réalisateur de faire la démonstration de son savoir-faire dans un style dont il semblait pourtant très éloigné jusqu’à : « Blade Runner ». Une œuvre somme qui ne fit jamais totalement la satisfaction des uns comme des autres. David Lynch a renié pendant longtemps son adaptation en 1984, et la série signée John Harrison (Creepshow) ne laissa pas un souvenir mémorable. Et je ne parle pas la version jamais aboutie du poète Alejandro Jodorowsky dans les années 70. Mais voilà, aidé dans son audace par les scénaristes Jon Spaiths (Doctor Strange) et Eric Roth (A Star Is Born), Denis Villeneuve signait e 2021 une adaptation remarquable qui avait déjà l’intelligence de ne pas vouloir faire un film condensé de l’œuvre d’Herbert, mais plutôt deux films qui prendraient le temps d’aller chercher au plus loin dans le roman les différentes thématiques abordées.
Car l’œuvre d’Herbert est réputée suffisamment riche pour pouvoir être abordée par différents angles de lecture qui donne, suivant le choix opéré, une vision plus ou moins fine et respectable de l’histoire. Et Villeneuve s’en sortait magnifiquement avec un film qui allait garder toute la métaphore écologique, cette réflexion fine sur la filiation et le devoir, ou non, du héros à accepter cette charge qui lui incombe alors qu’il n’en veut pas. Le scénario, de ce premier film, s’articulait autour de Paul, de ses doutes et de ses peurs que les éléments extérieurs venaient mettre à mal. Avec une subtilité et une finesse d’écriture qui n’ont de semblable que la beauté de la mise en scène de Denis Villeneuve, le scénario mettait en lumière les doutes du héros en les confrontant à ceux des autres personnages de l’aventure, afin de mieux s’en servir pour le propos dont on imaginait bien, qu’il prendrait encore plus de corps dans la deuxième partie.
Et c’est exactement ce qui se passe dans de deuxième opus, sobrement appelé : « Dune : Deuxième partie ». Ici, nous assistons à la naissance réelle du héros à proprement parlé, celle de celui qui va guider « Fremens » vers leur terre promise et surtout tenter de ramener l’équilibre et la paix entre les différentes maisons. Toujours Inventive, grandiose, elle marque d’emblée par son gigantisme non écrasant. Car si les décors sont somptueux et les plans à couper le souffle, ils ne viennent jamais interroger le spectateur. Ils apparaissent comme une évidence. Le réalisateur prend possession du temps et l’étire à sa volonté, sans pourtant ennuyer son audience. Jamais de longueur, même dans la première partie où Villeneuve prend son temps pour installer son personnage principal et l’amener à sa transformation. Le réalisateur maitrise le timing à la perfection, il plonge littéralement le spectateur dans une fantasmagorie d’image qui ne sont jamais rebutantes mais au contraire captivante. Une mise en scène pensée pour l’Imax (Ceux qui ont eu l’occasion de le voir en Imax s’en souviennent encore) dans lesquels les personnages semblent évoluer dans une nature qui ne leur laisse aucune chance. Dans « Dune : Deuxième Partie », et c’est toute la symbolique du message, la nature répond à l’avidité des humains et ceux-ci se doivent de s’adapter et de se soumettre à ses lois pour ne pas en disparaître. Avec son directeur de la photographie Greig Fraser, que l’on avait déjà vu à l’œuvre sur le « Rogue One : A Star Wars Story » de Gareth Edwards en 2016, Denis Villeneuve pousse très haut le curseur du Spatial Opera. Il réinvente littéralement la Science-fiction, l’emmène bien loin de là où ses maitres comme Lucas l’ont emmener.
Et puis il y a la musique de Hans Zimmer qui, de la même manière que sur « Blade Runner 2049 » se fait ample, vrombissante, et percutante, devenant un élément indissociable de la narration. La musique vient habiller avec puissance et beauté, à grand renfort de nappes de cordes et de synthétiseur comme le faisait si bien Vangelis à son époque. De là à dire que Villeneuve et Zimmer sont des fans inconditionnels de « Blade Runner » et que cela commence à se voir, il n’y a qu’un pas que je franchirais, les deux ne s’en cachant pas. Et pour le coup cela paye et paye bien dans ce « Dune : Deuxième Partie ».
Pour conclure, un mot tout de même de la distribution, à commencer par Timothée Chalamet (Wonka) qui ne cesse de briller à chacune de ses apparitions. Ici l’acteur livre une prestation toute en puissance, qui se détache du premier volume, par un personnage qui assume son rôle et devient d’un seule coup le leader d’un monde qui se doit de retrouver paix et équilibre. Ici, il parvient à jouer en permanence sur la dualité entre la force et la douceur, l’héroïsme et l’amour. Toujours sur le fil, il parvient avec subtilité à passer d’une émotion à l’autre et à ainsi rendre son personnage captivant. Et puis, cette fois-ci Zendaya, prend sa place et porte également le film avec une prestation plus en nuance, même si on peut reprocher d’être un encore dans sa zone de confort. L’actrice est, toutefois touchante et puissante dans ses regards et dans ses silences et semble être celle qui porterait un troisième opus, nouvellement annoncé par Denis Villeneuve lui-même. Enfin pour conclure, il faut souligner la prestation habitée et magnétique d’Austin Butler (Elvis) méconnaissable en psychopathe.