50 années après sa sortie sulfureuse en salles, Carlotta réédite L'Empire Des Sens associé à de nombreux bonus et pas moins de deux autres films !
Les Films
L’EMPIRE DES SENS de Nagisa Oshima (1976 — Couleurs — 102 min — Restauration 4K)
Premier film produit par le français Anatole Dauman.
Nagisa Oshima souhaite réaliser un film érotique, mais bien au-dessus des productions de l’époque en France (Emmanuelle, etc.) ou dans le monde. Le Japon étant (et l’est toujours) très strict quant à la sexualité à l’écran, Nagisa Oshima décide que l’acte sexuel ne serait ni simulé ni caché. Pour ce faire, développement et montage seront fait loin du Japon. Lors de sa sortie en salle, le film déclenche dans son pays un certain scandale pour sa réalisation. Il est d’ailleurs, toujours aujourd’hui présenté sous une version censurée.
L’histoire mise en image est celle d’un autre scandale ayant eu lieu dans la seconde moitié des années 30. Abe Sada vit une passion sulfureuse avec son patron. Elle finira par le tuer lors d’un étranglement érotique et par l’émasculer. Elle réalisera 5 années de prison pour ce meurtre et cette mutilation.
S’il était particulièrement difficile de réaliser un film avec cette base, Nagisa Oshima s’en sort très bien avec une mise en scène de très grande qualité, des décors soignés et une grande sensibilité qui transparait à l’image. Le film ne tombe ni dans la pornographie, ni dans le scabreux, ni dans le ridicule.
L’Empire Des Sens est devenu culte,
L’EMPIRE DE LA PASSION de Nagisa Oshima (1978 — Couleurs — 105 min — Restauration 4K)
Second film produit par Anatole Dauman. Le suivant sera Furio.
Au moment de réaliser L’Empire De La Passion, Nagisa Oshima est toujours en plein procès pour sa mise en scène de L’Empire Des Sens. Le film est ainsi bien plus sage que son prédécesseur. Mais le cœur du sujet n’est pas vraiment le sexe, mais une relation extra-conjugale qui découle sur le meurtre du mari trompé. Le film flirte alors avec le fantastique vu que le fantôme revient hanter les amants et sa fille.
Ajoutons à cela un enquêteur zélé et peu conventionnel. On pourrait penser à un film joyeux, mais ici, tout est triste, sombre et froid. Heureusement, la mise en scène donne envie de voir la suite, mais on est loin de la production précédente de Nagisa Oshima.
L’Empire De La Passion permet toutefois à Nagisa Oshima d’exploiter à nouveau l’amour (ici interdit puisque hors mariage) et la mort.
Sous la loupe post me too, l’absence de consentement et un quasi-viol au début du film montrent que ce qui était acceptable à l’écran il y a 50 ans ne le serait plus aujourd’hui.
LA VÉRITABLE HISTOIRE D’ABE SADA de Noboru Tanaka (1975 — Couleurs — 77 min — Restauration HD)
Ce film est une première adaptation au cinéma de l’histoire d’Abe Sada. Il est basé sur l’autobiographie d’Abe Sada tout comme L’Empire Des Sens. Aussi, on retrouve beaucoup de points communs entre les deux films. Bien entendu, le traitement est ici bien plus conventionnel par rapport à l’œuvre de Nagisa Oshima. Une sexualité présente, mais plus pudique. La mise en scène, le traitement de la photographie et le montage sont soignés alors que Noboru Tanaka est connu pour une production de films essentiellement érotiques.
Une belle découverte qui offre une seconde lecture de l’histoire d’Abe Sada.
Verdict
Un coffret complet et dédié à la passion qui fait perdre toute raison.
50 ans après, L'Empire Des Sens n'a pas pris une ride et reste une expérience aussi sulfureuse que déstabilisante.