Après la mort tragique de son fiancé Tatsuya, disparu dans un accident de voiture, Hitomi décide de partir pour Hong Kong où le couple avait prévu de s’installer. Là-bas, la Japonaise croise la route de Karbo, un policier local infiltré qui ressemble trait pour trait à son amour perdu. À mesure que les deux jeunes gens apprennent à se connaître, l’attirance qu’ils ressentent l’un pour l’autre se fait plus forte. Et lorsque Karbo, trahi par ses pairs, voit sa mission échouer, Hitomi choisit de fuir avec lui…
Fin des années 90, le cinéma Hong-Kongais, qui avait su révolutionner le cinéma d’action à travers le monde et particulièrement au Etats-Unis, où les réalisateurs iconiques comme John Woo (Volteface) pour ne citer que lui ont tenté l’expérience avant de revenir sur leur terre natale, laissait supposer que son âge d’or était révolu. Mais il n’en n’était rien, car bon nombre de réalisateurs allaient émerger en cette fin de siècle, comme Daniel Lee, qui s’était déjà fait remarquer avec une œuvre telle que « Black Mask » en 1996, allait donner une autre vision du film d’action en y ajoutant une romance dans « Moonlight Express ».
Car, il faut bien le dire, le cinéma de Hong-Kongais des années 80-90, se faisait surtout remarquer en Occident par son Ultra-violence et la qualité de la mise en scène utilisée pour le rendre supportable. Il faut voir la majesté des chorégraphies chez John Woo ou encore et surtout chez Tsui Hark. Daniel Lee, va garder cette base, mais va surtout tisser un polar, efficace et en même temps terriblement inventif, notamment en incluant dans son intrigue, une histoire dans laquelle une femme, dont le fiancé est mort dans un accident de voiture, croise la route d’un policier qui est son exacte sosie. Il n’en faut plus pour qu’une attirance naisse, et les deux héros de se découvrir, pendant que le policier doit également accomplir son travail avec le danger que cela représente.
Basé sur un scénario écrit par Yumiko Aoyagi (Lonely Girls 15) et Susan Chan (Une vie Simple), le film va alors mêler deux genres radicalement différents et que nous n’avions pas l’habitude de voir dans un film d’action Hong-Kongais. Ce qui touche tout de suite dans « Moonlight Express », c’est la précision du réalisateur dans sa mise en scène. Il va constamment garder une dualité entre les deux intrigues : Policière et romantique et la distiller, que ce soit dans les actions, mais également dans les personnages et particulièrement dans leurs relations. La violence dans laquelle évolue Karbo n’est jamais très éloignée de lui et de la manière dont il va se rapprocher d’Hitomi. Cette dernière conserve une tristesse dans son regard et dans ses gestes, qui rappelle constamment le drame qu’elle a vécu au début du film.
Pour donner corps à son couple, Daniel Lee, va s’appuyer sur les prestations impeccables de Leslie Cheung, d’abord. L’acteur star de « Adieu ma Concubine » (1993) de Chen Kaige porte littéralement ce principe de dualité sur ses épaules. Il incarne Karbo avec une précision remarquable et joue constamment sur les deux tableaux de la violence et de la romance. Face à lui, Takako Tokiwa (The Good Wife) porte cette douleur et cette dualité dans une composition touchante et parfaitement maitrisée. Sans oublier la présence remarquée de la star Michelle Yeoh (Everything, Everywhere all at Once).