John Robie, cambrioleur assagi, goûte une retraite dorée sur la côte d'Azur. Le paysage s'assombrit lorsqu'un voleur, utilisant ses méthodes, le désigne tout naturellement comme le suspect n°1.
Troisième collaboration entre Alfred Hitchcock et ses deux acteurs stars : Grace Kelly (Fenêtre sur cour) et Cary Grant (La Mort aux trousses), « La Main au collet » est également un film à part dans la carrière du réalisateur, pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il utilise pour la première fois le procédé VistaVision, un procédé lancé par Paramount pour concurrencer le Cinémascope de la Fox. Il le réutilisera pour ses trois films suivants : « Mais qui a tué Harry ? » (1955), « Vertigo » (1958) et « La Mort aux Trousses » (1959). C’est aussi un film qui bénéficia d’un tournage de nombreuses scènes en extérieur, en France notamment, à l’instar de ces scènes où l’on suit la voiture de sport du personnage principal d’un hélicoptère. C’est également celui où le réalisateur, qui adapte, ici avec John Michael Hayes (Fenêtre sur Cour), un roman éponyme de David Dodge, suit une intrigue, finalement assez peu complexe, dans laquelle, le héros est accusé de cambriolages qu’il n’a pas commis.
Dans ce film, donc, Hitchcock innove, surprend, brouille un peu les pistes, mais ne parvient pas totalement à compenser le manque de matière du scénario, mais se rattrappe en créant l'un des couples les plus mythiques du cinéma des années 50 : Grace Kelly et Cary Grant. Pour la petite anecdote, le film peut se révéler prémonitoire, d'abord parce que l'actrice, lors d'une scène, arrive dans une robe bouffante, comme une princesse. Ce qu'elle deviendra. Puisque c'est pendant la promotion de « La Main Au Collet » qu'elle rencontrera le Prince Rainier de Monaco. Et puis bien sûr, la voiture de sport à vive allure dans les hauteurs de Cannes qui n'est pas sans rappeler la mort tragique dd l'actrice. En maniant comme jamais, l'art de la subtilité des personnages, le réalisateur créé un couple qui s'attire et se déchire pour mieux se retrouver tout en laissant planer le doute sur les intentions de l'un comme de l'autre. Il est aussi intéressant de noter, que la tension amoureuse et sexuelle est abordée avec beaucoup de subtilité pour contourner la censure du radical Code Hays.
Car ce qui est intéressant dans « La Main Au Collet », et si l'on a connu des films d'Hitchcock plus inspirés, c'est cette dualité permanente entre coupable non coupable qui se joue entre les personnages et puis bien sûr cette envie que le réalisateur provoque chez le spectateur de découvrir qui est réellement le cambrioleur qui se fait passer pour John Robbie. Le réalisateur, comme il le fera souvent utilise énormément les couleurs comme si chaque espace devenait subitement le reflet d’un joyau pouvant être subtilisé par le voleur, ou refléter encore l'environnement du héros. « La main au collet » contient tous les ingrédients chers à Hitchcock : La Blonde séduisante, le héros accusé à tort, les discussions autour de la nourriture, etc…
Quoi qu'on en dise, « La Main Au Collet » peut être considéré comme une parenthèse sucrée et romantique dans la carrière d'Alfred Hitchcock et surtout l'occasion de découvrir ou de re-découvrir un couple instantanément glamour et mythique : Grâce Kelly et Cary Grant.