Le braquage d'une pharmacie par une bande de junkies en manque de drogue tourne mal : une fusillade cause la mort de plusieurs personnes dont un policier, abattu par la jeune Nikita. Condamnée à la prison à perpétuité, celle-ci fait bientôt la rencontre de Bob, un homme mystérieux qui contraint la jeune femme à travailler secrètement pour le gouvernement. Après quelques rébellions lors d'un entraînement intensif de plusieurs années, Nikita devient un agent hautement qualifié des services secrets, capable désormais selon Bob d'évoluer seule à l'extérieur. Celui-ci espère d'ailleurs s'en assurer lors d'une terrible mise à l'épreuve, dans laquelle Nikita doit éliminer un pilier de la mafia asiatique au beau milieu d'un restaurant bondé...
Comment rebondir avec un carton aussi énorme que « Le Grand Bleu » (Plus de 11 Millions d’entrée dans le monde) ? Avec un film au style radicalement différent qui va pourtant installer le réalisateur Luc Besson, comme un Metteur en scène de génie qui réussit tout ce qu’il touche. Avec « Nikita », Besson va imprégner d’un style percutant et majeur dans l’inventivité de sa mise en scène. Très marqué par le cinéma Hong-Kongais, il va signer une réalisation puissante, dans laquelle chaque personnage est une pièce d’un puzzle violent qui va façonner le personnage de « Nikita » et lui donner toute sa nuance que ce soit dans sa folie comme dans sa fragilité. De la même manière qu’il l’avait déjà fait dans « Le Grand Bleu », mais surtout dans « Subway », Besson cisèle ses personnages, repousse les limites, colle aux visages pour mieux en sortir la folie ou la cassure, mais il s’amuse toujours à jouer des espaces.
Et dans « Nikita », ce qui est intéressant, également, ce sont les idées dans le scénario. Inspiré par une chanson d’Elton John, Luc Besson, créé un univers propre d’un Paris Fantasmé, une ville rongée par la violence, comme le montre la scène d’ouverture. Au milieu de cela évolue le personnage de « Nikita », jeune fille à la dérive, rongée par la drogue et par la folie qui en découle. Et c’est avec une précision remarquable que le réalisateur va peindre son personnage, la déstructurer, la casser, pour ensuite lui donner ce rôle implacable de tueuse payée par une organisation gouvernementale. Mais comme nous sommes chez Luc Besson, les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent et ne prendront pas forcément le chemin qui leur est attribué.
Besson, signe ici, un film qui créé la signature du réalisateur avec une histoire sombre, parfois même déchirante, où l’humour n’est jamais bien loin, mais où les changements de directions apparaissent subitement inévitables pour l’héroïne. Les dialogues sont ciselés avec justesse et précision presque avare de superflus pour ne se concentrer que sur l’essentiel. Un style efficace qu’il utilisera avec encore plus de précision dans son film suivant « Léon », lui-même inspiré d’un personnage de « Nikita » : le Nettoyeur. Et ce qui est intéressant, dans « Nikita » c’est que rien n’est totalement possible dans le film, mais l’assurance et la force de la mise en scène rendent l’ensemble parfaitement cohérent.
Et puis, bien sûr, impossible de parler de « Nikita » sans parler du jeu habité de l’actrice Anne Parillaud (Ce que le jour doit à la nuit). L’actrice est littéralement possédée par son personnage. Poussé dans ses retranchements par le réalisateur elle livre une prestation hors du commune constamment sur le fil du rasoir entre folie, fragilité et violence. Une composition qui sera récompensée l’année suivante par le César de la meilleure Actrice et un film qui fera un carton dans le monde y compris aux Etats-Unis, où il sera le premier film français à franchir la barre des 5 Millions de Dollars de recettes.