Paris. Depuis plusieurs mois, un gang de braqueurs opère en toute impunité avec une rare violence. Le directeur de la PJ, Robert Mancini a été parfaitement clair avec ses deux lieutenants les plus directs, Léo Vrinks, patron de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention), et Denis Klein, patron de la BRB (Brigade de répression du banditisme) : celui qui fera tomber ce gang le remplacera à son poste de grand " patron " du 36, quai des Orfèvres. La lutte est ouverte entre ces deux grands flics, autrefois amis, qu'aujourd'hui tout sépare : leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes et une femme, Camille Vrinks...
Ancien Policier, Olivier Marchal s’est fait un nom dans le cinéma, par sa manière toujours très réaliste et inspiré de carrière dans la Police, que ce soit à la PJ de Versailles ou dans les Renseignements Généraux. Après « Gangster », son premier film qu’il a écrit et réalisé en 2002 et qui a reçu un succès d’estime, le réalisateur se lance dans l’écriture d’un scénario inspiré de deux faits réels qui avaient marqué les policiers à l’époque : « La Bavure de la rue du Dr Blanche », où un cadre de la BRB avait tiré sans sommation lors d’une prise d’otages, et avait provoqué un bain de sang dans lequel un policier et l’un des suspects, perdirent la vie. Et celui dit du « Gang des Ripoux », dans lequel des policiers étaient impliqués dans diverse malversations.
Dans un style percutant, il va alors monter une intrigue reprenant tous les éléments de ces deux faits-divers pour opposer deux personnages, deux flics aux méthodes radicalement différentes et aux ambitions toutes aussi divergentes. Avec une précision remarquable, il va intégrer les éléments psychologiques qui feront toutes les nuances de cette affaire où les ambitions d’un flic va se percuter avec les valeurs de l’autre et où les ambitions vont s’entrechoquer avec une violence rare violence, qui sera la marque de fabrique d’Olivier Marchal, dans l’ensemble de son œuvre. La grande qualité de 36, quai des Orfèvres est de montrer la frontière fine entre les méthodes des policiers utilisées pour pouvoir mettre fin aux agissements des voyous qu’ils pourchassent et le cadre légal. Ici, l’un des policiers se fait piéger par un informateur, qui le propulse de l’autre côté de la frontière que les sépare et sa bataille sera compliquée par les ambitions de l’autre.
Olivier Marchal parsème son œuvre d’anecdote qu’il a pu vivre ou entendre lors de son passé dans la police pour rendre encore plus marquante la vie de ces hommes et femmes constamment sur le fil du rasoir entre déontologie, honneur et devoir. Et le choc de la rencontre, presque 20 ans après « Manon des Sources » (1986) de Claude Berri, entre Daniel Auteuil et Gérard Depardieu est d’une puissance rare. Les deux acteurs rivalisent de précision, le premier dans le rôle d’un personnage déterminé à mener à bien sa mission dans le respect de la sécurité des hommes dont il a la charge et le second dans celui à l’ambition démesurée. Depardieu impose un filc entre le « Mangin » personnage du film « Police » (1985) de Maurice Pialat et le « Léopold » du long métrage « Uranus » (1990) de Claude Berry. Les deux acteurs rivalisent de précision et participent grandement à la réussite du film dans lequel Olivier Marchal a pousser les curseurs de la crédibilité en faisant participer de véritables policiers de la BRB.