Guernon. Un corps mutilé est découvert suspendu à une falaise. Le commissaire Niemans est dépêché sur les lieux. A 300 km de là, Kerkérian, jeune loup solitaire, enquête sur une profanation de sépulture. Deux flics, deux affaires… mais une même piste pour un horrible secret.
Nous sommes en Septembre 2000, Mathieu Kassovitz qui s’était fiat remarquer une première fois avec son premier Long Métrage « Métisse » en 1993, mais à réellement affolé les compteurs et est entré dans le panthéon des artistes à suivre avec « La Haine » en 1995, mais a essuyé un échec violent avec « Assassin(s) » qui ne trouva pas son public, revient avec l’adaptation du roman d’un jeune écrivain qui lui aussi vient d’affoler les compteurs avec son deuxième ouvrage : « Les Rivières Pourpres ». Une enquête sur des meurtres sordides sur fond d’eugénisme : Jean Christophe Grangé. Les deux hommes étaient faits pour se rencontrer. Tant Kassovitz a des idées e des inspirations diverses qui ne peuvent que servir l’adaptation. Et les deux hommes vont parfaitement s’entendre, puisqu’ils vont travailler ensemble sur le scénario.
Le résultat est une œuvre majeure dans l’univers du polar, qui, non seulement est maitrisée, mais vient apporter une nouvelle forme de scénario et de manière de filmer une enquête policière, plus sombre, plus visuelle également. Mathieu Kassovitz avec l’aide du directeur de la photographie attitré de Luc Besson : Thierry Arbogast (Nikita) va signer un fim visuellement remarquable en bien des points, avec un scénario d’une intense efficacité. Et même si le coupable des meurtres atroce est vite découvert par les spectateurs, un peu avertis, il n’en demeure pas moins bien écrit avec des inspirations anglo-saxonnes évidentes comme la complémentarité qui va se former durant le film entre le commissaire Niemans et le lieutenant Kerkérian, qui n’est pas sans rappeler les « Buddy Movie » célèbre du cinéma outre-Atlantique.
Et c’est certainement là la première grande réussite des « Rivières Pourpres » que de sortir avec grandeur su schéma classique du film policier qui voyait toujours la même mécanique se mettre en place : Un meurtre + un ou deux flics, en ajoutant des malfrats aux codes d’honneur vissés à l’avant-bras. Ici, il y a plusieurs meurtres, qui semblent rituels, on ne peut s’empêcher « Seven » de David Fincher sorti 5 ans plus tôt, dans la structure narrative. Mais Grangé et Kassovitz s’en écarte radicalement pour aller sur les terres des confréries obscures à la façade limpides mais à l’arrière-boutique bien plus sombres. Mathieu Kassovitz va signer une mise en scène dynamique et inventive, avec des plans à couper le souffle comme la présentation du premier meurtre ou encore la descente dans le cœur du glacier. Et puis il y a les plans plus discrets, comme le dialogue des deux policiers dans un bar plus sombres à l’éclairage complexe.
Côté distribution, le duo Jean Réno (Le Grand Bleu) Vincent Cassel (La Haine) fonctionne à merveille. Les deux acteurs font le job avec une préférence pour le premier qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue les personnages taiseux, avec un minimum de dialogue. L’énergie de Cassel vient parfaitement en contre point et en complémentarité du jeu du premier. On notera la présence au générique de Jean Pierre Cassel (La cérémonie), père de Vincent, dans un rôle un peu trop court, mais qui en quelques instants impose son talent et sa maitrise.