Durant la guerre de Sécession, un détachement de cavalerie nordiste, sous les ordres du colonel Marlowe, est envoyé derrière les lignes ennemies, pour détruire les voies de chemin de fer. À ses côtés, le major Kendall. Les deux hommes, que tout oppose, sont contraints d’emmener avec eux Hannah Hunter, une aristocrate sudiste.
Indissociables l’un de l’autre, John Ford et son acteur John Wayne n’avait pas tourné ensemble depuis 3 années, lorsque le réalisateur accepta de réaliser « Les Cavaliers ». Le Scénario tiré d’une histoire vraie, celle du Colonel Benjamin Grierson qui parcouru environs 800 Miles entre la petite ville de La Grange (Tennessee) et Bâton Rouge (Louisiane) en 17 Jours durant le printemps 1863. Un raid destiné à couper les infrastructures ferroviaires afin d’empêcher les Confédérés de se ravitailler, permet au réalisateur de pouvoir, enfin, parler de « La Guerre de Sécession », un sujet qu’il maitrise parfaitement, mais qu’il n’a jamais abordé de manière aussi frontale. Le problème c’est que les scénaristes John Lee Mahin (Le Grand Sam) et Martin Rackin (Sierra Torride) sont également les producteurs du film, et qu’ils vont être particulièrement intrusifs dans le travail du maitre.
Et même si Ford est rompu aux fonctionnements des studios, il n’est pas très fervent de cette forme de travail où les producteurs ont constamment le nez dans ses affaires et se permettent de remettre en cause certaines de ses décisions. C’est aussi un film qui verra les prétentions des deux acteurs stars : John Wayne (Alamo) et William Holden (L’Arbre de Noël) atteindre des sommets : Ils toucheront chacun 750 000 Dollars pour faire le film. Autant dire que le réalisateur n’est pas dans la production la plus agréable pour lui et si « Les Cavaliers » est un film de commande qu’il va réaliser pour être à la hauteur de ses engagements, la ferveur n’y est pas forcément. Et cela se ressent d’une certaine manière dans la réalisation de Ford, qui garde une simplicité et une lisibilité toujours aussi remarquable, mais qui va signer, ici, une œuvre moins empreinte de manichéisme que dans ses précédentes productions et encore moins épiques que l’on pourrait l’imaginer.
Mais c’est surtout un autre évènement qui va provoquer cela : La mort d’un des cascadeurs : Fred Kennedy (Rio Grande), alors qu’il effectuait une cascade courante, celle d’une chute de selle, il se serait mal réceptionné et est décédé sur place. Un évènement qui affecta profondément John Ford qui suspendit le tournage. A la reprise l’homme n’est plus le même et cela se voit également dans sa mise en scène, la mort des personnages n’y apparaît jamais totalement frontalement, comme si Ford refusait de mettre en image le trauma qui l’obsèdera pendant toute la durée du tournage. Même les scènes épiques, comme les affrontements entre la cavalerie et les confédérés trouvent une issue assez fade, sans jamais de grands moments. Ford y montre une armée de confédérés à l’agonie et des soldats de la cavalerie qui ne veulent pas se battre contre ceux qu’ils considèrent comme des frères. La conclusion du film ira d’ailleurs dans ce sens.
Injustement conspué par la critique à sa sortie, « Les Cavaliers » des John Ford n’est, certes, pas à la hauteur de ses gloires passées, mais il réserve de bonnes surprises, notamment dans le traitement que le réalisateur fait de la guerre de sécession, en ne choisissant jamais de tirer sur les uns ou sur les autres en cherchant avant tout à rappeler que cette guerre fut fratricide et que le sang qui fut coulé mit beaucoup de temps à sécher.