Jack, jeune comédien au chômage souffrant de claustrophobie, occupe pendant quelque temps l'appartement d'un ami. Profitant de la vue panoramique, il observe sa charmante voisine, Gloria, dont il ne tarde pas à devenir fou amoureux. A force de l'épier, il assiste un jour à l'assassinat de la jeune femme...
Dire que « Body Double » de Brian de Palma (Scarface) est un thriller Sulfureux est un doux euphémisme. Car ce film, réalisé en 1984, ne fut pas une promenade de santé. Et le « Sale Gosse » de la bande « Nouvelle Génération de réalisateurs » qui comptaient : Francis Ford Coppola (Le Parrain), Martin Scorsese (Taxi Driver), Steven Spielberg ( E.T.) et Georges Lucas (Star Wars), sait toujours s’amuser à revenir dessus, et particulièrement sur les rumeurs qui couraient à son sujet sur ce qu’il demandait aux actrices pour le tournage. Car, pour remettre dans le contexte, De Palma, grand amateur des films d’Alfred Hitchcock décide de prolonger l’idée de « Fenêtre sur Cour » dans lequel un homme immobilisé par une blessure, n’a d’autre occupation que celle d’espionner ses voisins de l’immeuble d’en face et semble assister à un meurtre. De Palma va aller plus loin sur le thème du voyeur et gardant l’idée de la manipulation, mais également en y ajoutant une attraction plus « Perverse ». Pour construire et donner une dimension différente à son personnage, De Palma va également s’inspirer d’un autre film du maitre du suspens « Sueurs Froides » ainsi que de son ex-femme qui souffrait de Claustrophobie.
Et, comme nous sommes dans les années 80, et que cette nouvelle garde n’hésite pas à faire sauter les barrières, De Palma, va donner un côté sulfureux au film en le situant, en partie dans le milieu du porno. Et contrairement à ce qui avait pu être dit, le réalisateur n’a pas demandé aux actrices de se masturber devant la caméra mais a fait appel à une star du porno de l’époque : Annette Haven pour tourner des scènes bien précises du film, dont je ne divulguerais pas le contenu pour garder toute la surprise. La difficulté suivante était de trouver une actrice qui serait suffisamment à l’aise avec son corps et la nudité pour assumer l’un des rôles principaux. Actrice et ami de la famille, qui se présenta à lui, et qui fit le forcing pour jouer dans le film : Mélanie Griffith (Joyride). Le film sera bien plus qu’un tremplin pour l’actrice et le réalisateur va trouver en elle une comédienne investie et déterminée à prouver qu’elle est capable de se mettre en danger.
Et Brian De Palma va faire preuve d’une maitrise remarquable que ce soit en matière de scénario qu’il a coécrit avec Robert J.Avrech (Dark Tower) en signant un thriller haletant et tenu de bout en bout jusqu’au twist final parfaitement bien amené. De Palma pose les bases de son film livre ses indices avec souplesse et surtout ne lâche jamais la pression sur le spectateur le prenant ans sa toile et l’installant dans le siège du voyeur, en utilisant la musique de Pino Donaggio (Pulsions), pour donner ce côté film érotique lors des danses de la voisine d’en face, par exemple. Le réalisateur ferme un cycle brillamment avec « Body Double » qui est son ultime hommage à Hitchcock et qui signe, ici, la naissance d’une signature, celle de De Palma, un metteur en scène hors du commun qui sait mélanger les genres de cinéma du plus transgressifs au plus complexe a ciselé. En mélangeant l’érotisme au thriller, Brian De Palma réinvente le thriller, ouvre une porte que l’on retrouvera bientôt chez Verhoeven avec « Basic Instinct » (1992) et chez d’autres encore.