Craig Blake est un jeune homme du Sud, né dans une famille aisée, mais laissé seul et oisif après la mort de ses parents dans un accident d'avion. Il passe son temps à pêcher, chasser et bricoler dans sa grande maison familiale à Birmingham, en Alabama, habitée uniquement par lui-même et un majordome. Blake est employé dans une entreprise d'investissement douteuse dirigée par un escroc rusé nommé Jabo. On lui demande de s'occuper de l'achat d'une petite salle de sport que la société achète pour faire place à un immeuble de bureaux. Il rencontre Joe Santo qui prépare son entraînement pour le titre de Mister Univers...
Oh qu'il est bien difficile d'accrocher à ce film très bavard, où tout le monde a tendance à crier et à gesticuler dans tous les sens. Mais passé cette barrière, le film de Bob Rafelson qui ne réalisera que 13 longs métrages dans sa carrière dont l'excellent "5 pièces faciles" sorti en 1971. « Stay Hungry » est son troisième film et la libre adaptation du roman éponyme de Charles Gaines, qui participa également au scénario. Cette histoire suit le parcours de Craig Blake, un jeune homme issu d'une riche famille qui ne veut pas reprendre la direction des affaires familiale après la mort de ses parents et préfère s'amuser tout en s'associant à des personnages plus ou moins fréquentables. L'histoire n'est pas d'une originalité folle, mais c'est le traitement que va en faire Bob Rafelson qui va susciter l'intérêt. Car le réalisateur va opposer plusieurs mondes : Celui de la jeunesse dorée américaine, oisive et insouciante, celle de l'américain moyen qui compte ses sous et rêve d'une vie meilleure et celui des mafieux sans aucun état d'âme pour qui l'intérêt de leurs affaires passé avant tout autre considération.
Bob Rafelson ne révolutionne pas le genre, mais le regard qu'il pose se veut plus basique et montre un personnage un peu plus complexe qu’il n’y parait. Et cela rend l'œuvre de Rafelson plus proche d'une réalité fantasmée, qui se veut se donner des airs de documentaire. Seulement, l'effet pervers d'un tel parti pris c'est que l'on a bien du mal à se prendre de sympathie pour les personnages. Et surtout celui de Craig Blake, dont la découverte d'un autre monde et surtout de celui du dépassement de soi, du labeur et de l'inquiétude des lendemains, à travers sa rencontre avec Joe Santo (Arnold Schwarzenegger) va amener à porter un regard différent sur ses affaires et surtout sa vie personnelle. La mise en scène de Rafelson manque d'empathie envers ses personnages et cela se ressent de bout en bout.
La véritable curiosité se trouve toutefois ailleurs, au niveau de la distribution avec, tout d’abord Jeff Bridges (Tron : Legacy) qui livre, ici une prestation toute en nuance et en retenue (peut-être un peu trop !), L’incroyable Sally Field (Potins de Femmes) qui est certainement celle qui peut recevoir l’ensemble des louanges, tant sa prestation est remarquable de précision et de subtilité. Et puis il y a, bien sûr, Arnold Schwarzenegger (Terminator), qui, pour son quatrième film, joue…un culturiste qui s’entraine pour le concours de Mister Univers. Mais il serait injuste de ne pas reconnaître que le comédien qui fera ensuite une grande partie de sa carrière dans les films d’action, fait preuve ici d’une composition honnête et toute en douceur. Et juste pour finir, les amateurs de films d’horreur ou de série de science-fiction du milieu des années 80, seront ravis de retrouver au générique, Robert Englund qui n’est autre que le terrifiant Freddy Krueger du film : « Les Griffes de la nuit » (1984) de Wes Craven ou Willie, le gentil Extra -Terrestre de la série « V – Les Visiteurs » de Kenneth Johnson de 1983 à 1985.