Chose curieuse mais point trop inhabituelle au sein de la famille Addams : Morticia accouche aussi brusquement d'un bambin qu'elle s'est trouvée enceinte. L'heureux nouveau-né porte la moustache et répond au doux nom de Puberté. Mercredi et Pugsley, ses deux aînés, fous de jalousie, multiplient les tentatives d'assassinat....
Après avoir œuvré pendant près de 10 ans comme directeur de la photographie, Barry Sonnenfeld se lance en 1991 avec l’adaptation très attendue de « La Famille Addams ». Créée en 1938, par Charles Addams, un dessinateur réputé pour son humour noir et morbide, cette famille étrange fit d’abord ses débuts à la télévision à travers deux séries : l’une en 1964 et l’autre en 1973. Le succès est tel que « La Famille Addams » arrive en 1977 dans un téléfilm pour la fête d’Halloween. Il faudra ensuite attendre 1991, pour que Barry Sonnenfeld s’empare de la famille et lui donne les traits de Raul Julia (Tequila Sunrise) pour Gomez, Angelica Huston (La Vie Aquatique) dans le rôle de Morticia et Christopher Lloyd (Retour vers le futur) dans celui d’Oncle Fétide. Le succès est colossal ! Avec un budget de 30 Millions de Dollars, il va en rapporter environs 191. Le succès appelant l’avidité des producteurs, une nouvelle aventure sort en 1993, ce sera : « Les Valeurs de la Famille Addams » écrit par Paul Rudnick (In & Out).
Ici, il y a deux intrigues qui se jouxte, d’abord l’arrivée d’un bébé dans la famille qui provoque une certaine inquiétude chez Mercredi et Pugsley, puis l’Oncle Fétide qui va tomber amoureux de la Nounou engagée par Gomez et Morticia pour s’occuper de Puberté le nouveau membre de la famille. Mais l’amoureuse ne semble pas avoir de bonnes intentions envers son prétendant. La mise en scène de Sonnenfeld continue de jouer la carte de l’humour noire et des situations mortellement drôles et exagérées comme les différents stratagèmes mis en œuvre par Mercredi et Pugsley pour se débarrasser du bébé. Le scénario joue clairement la carte de l’humour morbide mais manque tout de même d’un peu plus de transgressif pour être réellement à la hauteur de l’attente. Notamment autour de cette fameuse intrigue concernant la Nounou et Oncle Fétide qui aurait pu être beaucoup plus source de gags et de répliques transgressives. Ici, l’ensemble manque terriblement de piquant et si le premier opus gagnait la bataille du passage au cinéma, c’était, avant tout, par l’effet de surprise et la joie de découvrir une distribution forte et cohérente.
« Les Valeurs de la famille Addams » reste continuellement dans sa zone de confort, et même si certains personnage secondaires sont réjouissant comme les deux monos de la colonie de vacances : Becky Martin-Granger (Interprétée par la monstrueusement drôle Christine Baranski (The Good Fight)) et Gary Granger (Peter MacNicol (Ally McBeal)) ou encore le Sergent (Nathan Lane (Only Murder in the Building)), l’ensemble manque terriblement de corps et d’audace pour nous embarquer dans une folie transgressive à la hauteur des personnages créés par Charles Addams. C’est assez dommage car cette famille possède un potentiel non négligeable d’humour noir et morbide qui pourrait très bien pousser les curseurs plus loin sans pour autant sombrer dans le mauvais goût. Dans ce nouvel opus, nous nous laissons plus porter en étant passif d’une histoire qui ne nous concerne que très peu, alors que nous espérions prendre plaisir à entendre des répliques tranchantes et sanglantes pour mieux coller à l’esprit de la famille.