Au début du mois d'août 1944, l'arrivée des armées alliées dans la capitale est imminente. Hitler donne l'ordre d'anéantir Paris...
2h50, c’est la durée et le temps qu’il faut pour comprendre tous les enjeux qui se sont joués en Aout 1944, dans la capitale Française encore sous occupation Allemande. Entre Hitler qui, par colère et goût de vengeance demande au Général Dietrich Von Choltitz de détruire Paris par les flammes. Il faudra toute la force de persuasion du consul Suédois Raoul Nordling, pour que le Général n’en fasse rien et finisse par signer sa capitulation, après de nombreux combats et une concentration des forces françaises et alliées sur la capitale pour venir en aide aux résistants, bien décidés à libérer la ville de l’occupation. Les discussions entre le général et le consul, furent, d’ailleurs, adaptées dans la magnifique « Diplomatie » (2014) de Wolker Schlöndorff. Dans le film de René Clément, elles sont, en partie, dessinées mais ne relève pas du centre de l’intrigue tenue par le scénario ecrit par : Yves Boisset (Le Prix du Danger), Gore Vidal (Caligula), Jean Aurenche (Coup de Torchon), Pierre Bost (L’Horloger de St Paul), Claude Brulé (Angélique Marquise des Anges) et Francis Ford Coppola (Le Parrain). On le voit ; un gros casting de scénaristes de renom, dont le réalisateur du « Parrain » qui ont eu pour mission d’adapter le livre du même nom de Latty Collins et Dominique Lapierre qui retraça les quelques jours qui virent le soulèvement du peuple de Paris, après que le débarquement de Juin 44, mis l’armée Allemande en déroute et fit renaitre l’espoir dans le cœur des français de voir enfin leur pays libéré et de pouvoir voir enfin l’issue de cette guerre qui dure depuis 4 années et a vu de nombreux morts.
Mais le choix de René Clément et de son équipe de rendre hommage à ceux qui ont œuvré pour la libération de la capitale est, parfois, un obstacle à la fluidité de sa mise en scène. Il faut dire aussi, que le sujet est important et les informations nombreuses. Du coup certaines scènes tombent, un peu à plat comme celle où les insurgés reprennent la mairie et interrompent un mariage. On y voit toute la symbolique, mais la rapidité avec laquelle la scène est mise en scène donne un arrière-goût de précipité. Mais cela n’est qu’anecdotique, car René Clément, réalisateur de classiques tels que « Jeux Interdits » en 1952 ou encore « Plein Soleil » en 1960, signe un film chaotique, où chacun se bat pour récupérer le contrôle de la ville, bastion stratégique de cette lutte pour retrouver son identité et sa liberté. Chacun, veut être un maillon de la chaine qui aboutira à mettre els Allemands en déroute et les pousser à la défaite. Que ce soit les jeunes (dans lesquels on retrouvera deux chanteurs, alors à leurs débuts : Michels Sardou et Michel Fugain), qui par la fougue vont courir tout droit à leurs morts, ou encore les politiciens comme Chaban-Delmas qui veulent, déjà négocier leurs places dans le gouvernement de liberté, et les militaires comme le Colonel Tanguy, un peu oublié par l’histoire et d’autres personnalités plus charismatiques peut-être comme : Leclerc et surtout De Gaulle, mais qui fut tout de même l’un des pivot de cette organisation qui amena à la victoire.
René Clément veut leur rendre hommage, sans en oublier aucun, même s’il sait que cela sera inévitable et s’en excuse dés le début du film, et le fait avec un véritable sens du rythme, joue avec les égos d’un casting 5 étoiles et amenant avec subtilité et parfois pas l’arrivée à l’écran de comédiens français ou Américains. Car « Paris Brûle-t-il » à l’instar de « Le Jour le plus long » de Ken Annakin (L’Appel de le forêt), Andrew Marton (Les 55 Jours de Pekin), Bernhad Wicki (La Diagonale du Fou), Gerd Oswald (Le Mur des Espions) et Darryl F. Zanuck (Cléopâtre), son pendant Américain, sorti 4 années plus tôt, possède un casting d’acteurs de premiers plans Français bien sûr, mais également Américain et Allemand. On y retrouve ainsi des têtes d’affiches, souvent producteurs de leurs films et donc maitres de leurs images comme : Alain Delon (Le Guépard), Jean Paul Belmondo (L’As des As), Yves Montand (La Folie des Grandeurs), pour ne citer qu’eux chez les Français, Kirk Douglas (Spartacus), Orson Welles (Citizen Kane) et Glenn Ford (Gilda), chez les Américains et Gert Fröbe (Goldfinger), Wolfgang Preiss (Un pont trop Loin) et Hannes Messemer (La Grande évasion) pour les Allemands. Autant parler d’un numéro d’équilibriste de la part du réalisateur, pour que chacun se sent mis en valeur et à hauteur de son image. Il en ressort un film kaléidoscopique qui nous entraine dans une page de notre histoire particulièrement importante, puisqu’après la capitulation du gouvernement Pétain, est arrivé l’espoir suscité par De Gaulle de retrouver notre identité française après 4 années d’occupation Allemande, avec tout ce que cela à comporté de privations et de frustrations. Quelques soient ses défauts « Paris Brûle-t-il ? » de René Clément est un film majeur qui retranscrit avec puissance, et sensibilité le combats de ces hommes et de ces femmes qui ont amené à la victoire et par là même à la fin de la seconde guerre mondiale. Et puis, au moment où nous célébrons les 80 ans du débarquement, et la réouverture de Notre-Dame de Paris après l’incendie de 2009, autant le dire, les planètes ne pouvaient être mieux alignées, pour redécouvrir ce film.