Manipulant et contrôlant les moindres détails de la vie de ses sujets, Big Brother est le chef spirituel d'Oceania, l'un des trois Etats dont la capitale est Londres. Le bureaucrate Winston Smith travaille dans l'un des départements. Mais un jour il tombe amoureux de Julia, ce qui est un crime. Tous les deux vont tenter de s'échapper, mais dans ce monde cauchemardesque divisé en trois, tout être qui se révolte est brisé.
« Big Brother is Watching you ». Une phrase qui fait sonner le chef-d’œuvre de George Orwell. Un livre de science-Fiction qui se situe dans un univers dystopique où le crime est devenu un crime, et où la vie est balisée et accompagnée de programmes à la gloire du l’état et où l’on diffuse les confessions des traitres, de ceux qui ont fauté. Au milieu de tout cela, Winston va tout de même tomber amoureux de Julia et se retrouver dans les griffes de l’état et endurer la violence de cette société qui utilise la violence pour asservir les masses.
Deuxième adaptation sur Grand écran de ce chef d’œuvre de la science -fiction écrit par George Orwell en 1949, soit un an avant la mort de l’auteur, « 1984 » de Michael Radford est également la plus fidèle. Le réalisateur emprisonne pendant près de deux heures le spectateur qui va alors se retrouver plongé dans un monde dystopique où la société est divisée en 3 états qui se font la guerre et où la désinformation règne. Un quatrième bloc se trouve entre les trois premiers, une sorte de quart monde dont les trois états revendique la possession et qui se retrouve être le sujet de cette guerre permanente que se livre l’Eurasia (L’Europe et l’URSS), l’Océania (Amériques, iles de l’Atlantique, le Royaume Uni, l’Océanie et l’Afrique Austral) et l’Estasia (La Chine, le Japon, l’Inde, le Tibet et une partie de la Mongolie).
Employé assidu du ministère de la Vérité, Winston Smith déteste secrètement le parti qui dirige le pays, lui-même partie de L’Océania. La société est surveillée par Big Brother, une sorte d’entité qui surveille els faits et gestes des citoyens à travers de « Tléecrans » et dont les affiches placardées sur les murs sont sans nuance : « Big Brother is Watching you (Big Brother vous surveille) ». Winston va tomber amoureux de Julia mais les amoureux vont être trahit par un membre du parti infiltré et le couple sera arrêté puis torturé par le ministère de l’amour, jusqu’à ce que l’un et l’autre se renie et prête allégeance à Big Brother. Avec un scénario signé par le réalisateur Michael Radford lui-même et son co-scénariste Jonathan Gems (Mars Attack) très fidèle au livre, « 1984 » est un découpage minutieux de tout ce qui fait un état totalitaire où l’information est contrôlée autant que la désinformation, à grand renfort de phrases telles que : « Celui qui détient le passé détient l’avenir ». Comme le roman, le film va s’évertuer à nous décrire cette manière qu’ont pu avoir les grands exemples de société prisonnière d’une idéologie comme le Nazisme, le Stalinisme ou encore le fascisme.
C’est d’ailleurs intéressant que l’éditeur nous propose une nouvelle édition remasterisée de ce film devenu culte, à une époque où nos démocraties n’ont jamais semblé aussi fragiles. Ici, avec une mise en scène sobre, très proche de ses personnages et dans une colométrie presque monochrome, Radford construit son adaptation et en fait une référence absolue pour toutes les futures œuvres traitant de société dystopiques. S’inspirant parfois du « Orange Mécanique » (1971) de Stanley Kubrick, il va nous entrainer dans les méandres de la paranoïa d’état, de la manipulation de masses et de l’oppression des peuples à grand renfort de tortures et de pressions sur les citoyens. Quelques années auparavant, John Hurt avait déjà capté l’écran avec son personnage de Max dans « Midnight Express » (1978) d’Alan Parker, ici, il parcourt le film avec son regard lunaire mêlant souffrance et tendresse. Puissant et d’une maitrise touchante, il campe avec brio un Winston tout en dualité. Face à lui c’est Richard Burton (Cléopâtre), dont il s’agit du dernier rôle, qui s’impose comme le personnage sombre et ambigu du film, entre ami et ennemi. Et puis n’oublions pas Suzanna Hamilton (Julia) qui s’éloigne radicalement du jeu de la jeune femme amoureuse pour rester comme l’univers du film avec un jeu monochrome.