Un coffret réunissant trois films avec Fernandel :
« L’Armoire Volante » (1948) : Alfred Puc est un honnête et gentil percepteur. Lorsqu'il apprend que sa tante, Mme. Lobligeois, est morte de froid alors qu'elle déménageait, il est sous le choc. Mais ce n'est pas tout : les deux déménageurs, dans le camion desquels la vieille femme est décédée, ont caché son corps dans une armoire à glace, pris de panique. Le camion est volé et Alfred part à sa recherche : c'est pour lui le début de folles aventures...
« L’Héroïque Mr Boniface » (1949) : Boniface, timide étalagiste, trouve un soir en rentrant chez lui un cadavre dans son lit. Kidnappé à sa sortie du commissariat par le véritable assassin -Charlie, un chef de bande - Boniface se retrouve libre et héros du jour au lendemain.
« Boniface Somnanbule » (1950) : Irréprochable détective privé aux magasins « Berthès » et spécialement au rayon bijouterie, Victor Boniface est somnambule. Ce qui l'amène à dérober la nuit ce qu'il surveille si brillamment le jour.
Nous avons accès, grâce à Internet, à une infinité d’informations et pourtant, certains noms sombrent dans l’oubli, alors qu’ils ont marqué de manière durable le cinéma Français, par exemple. Certains diront que c’est la faute des parents qui font l’impasse sur un patrimoine pourtant riche, mais anciens. D’autres que le temps passe et que les chaines de télévisions ne mettent plus en avant certains films, au profit de multiples diffusions de blockbusters. C’est un drame culturel, car de nombreux artistes majeurs semblent destinés à être oubliés tels que Arletty (Hôtel du Nord), Raimu (Marius), Jean Gabin (Quai des Brumes) ou encore Fernandel ! Fernand quoi ? dirons les plus jeunes. Fernandel fut un comédien qui commença sa carrière à la fin des années 20 en tant que chansonnier, puis se lança dans le cinéma devenant, en quelques années seulement, un acteur majeur de la comédie mais pas seulement.
Car Fernandel ce fut plus de 130 films, une « Gueule », un artiste complet à la fois sur les scènes du music-hall comme devant les caméras. Mais dans la carrière il y eut trois parties bien distinctes : celle qui part de 1930, ses débuts à 1940 où l’acteur peut tourner jusqu’à 4 films par an. Celle de la seconde guerre mondiale, où il ne tournera que quelques films, notamment pour la « Continentale », la fameuse société de production tenue par les Allemands, qui mettront l’artiste particulièrement mal à l’aise, et enfin celle de 1945 à 1976 où le comédien va modifier son jeu en fonction de l’évolution de la demande et de la manière de filmer. C’est durant cette dernière période que Fernandel connaitra ses rôles iconiques : « Le Petit Monde de Don Camillo » (1952) de Julien Duvivier, « Ali-Baba et les 40 Voleurs » (1954) de Jacques Becker ou encore « La Vache et le Prisonnier » (1959) d’Henri Verneuil, pour ne citer qu’eux. La première période fut celle des rencontres presque évidentes comme celle avec Marcel Pagnol, le réalisateur de la trilogie Marseillaise va voir en Fernandel ce que personne n’avait décelé, un acteur profond capable de bien plus que de faire des grimaces.
Le coffret que nous propose Pathé Films, peut surprendre par le choix des films, mais pas tant que ça, car « L’Armoire Volante » de Carlo Rim est un film surprenant où l’acteur n’est pas tout à fait au centre de l’intrique et la montre un peu écrasée par un décor imposant et par une mise en scène audacieuse de son réalisateur. Le comédien peut ainsi commencer à réduire son jeu à le moduler en fonction d’un personnage plus en nuance et en moins en gags visuels. C’est aussi le premier de la série qui ramène Fernandel sur le devant de la scène après la période d’occupation. Viennent ensuite les deux « Mr Bonniface », avec une préférence pour le premier, bien sûr, dans lequel l’acteur est, pour le coup, au centre de la mise en scène, quasiment de chaque plan. Comme à son habitude, il en fait énormément, mais ce qui est intéressant, c’est que Fernandel va sortir de ses rôles de gentils, de comiques pour soudainement au détour de l’intrigue s’aventurer sur un terrain plus sombre, avec un film qui flirte constamment entre Comédie et Film Noir. Le deuxième « Mr Boniface » appuie d’ailleurs dans ce sens en inversant les rôles et en faisant du personnage incarné par Fernandel, quelqu’un de bien moins gentil que dans le premier. A noter également, l’une des premières apparitions d’une autre comédien de légende : Louis de Funès (La Grande Vadrouille), dans une scène savoureuse où les deux styles de jeux s’opposent mais où chacun s’affirme en peu de temps.