Professeur terne et introverti, Marcelo enseigne depuis des années la philosophie à l’Université de Buenos Aires. Un jour, se présente enfin l’occasion de briller : suite au décès de son mentor, il est pressenti pour reprendre sa chaire. Mais voilà que débarque d’Europe un autre candidat, séduisant et charismatique, bien décidé à lui-aussi briguer le poste..
C’est étonnant comme la crise de la COVID a pu faire naitre des réflexions sur l’existence humaines sous toutes ses formes. Comme si, et nous y avons tous été confrontés, cette crise avait suscité l’idée que nous étions en train d’atteindre la fin de notre espèce et que l’avenir ne pouvait pas être autrement que transfiguré. L’histoire nous a prouvé qu’il n’en n’était rien et que nous étions capables de faire même pire. Avec « El Professor », les deux réalisateurs ont donc décidé de mettre toutes leurs réflexions au cœur de cette intrigue où un professeur Universitaire perd son mentor et voit tout d’un coup son monde se transformer et opérer un bouleversement qu’il n’envisageait pas. Et notamment l’arrivée d’un concurrent plus jeune, plus séduisant va venir bousculer de manière drastique ses acquis.
Avec un certain humour, Maria Aiché et Benjamin Naishat nous entraine dans l’errance à la fois drôle et tendre de ce professeur introverti qui pense que sa voie est toute tracée, mais se voit bousculé par un danger venu d’Europe avec des avantages bien différents qui vont l’obliger à sortir de son schéma habituel. On le comprend très vite, la Covis est venu bousculer notre façon d’envisager la vie, l’avenir et notre rapport aux autres et beaucoup d’entre nous se sont interrogés sur ce que nous devions changer et sur ce que cette crise allait modifier de manière durable.
L’histoire ne répond pas forcément à toutes ces questions, mais dans leur mise en scène comme dans leur écriture, les deux réalisateurs ont su trouver une tonalité qui oscille entre douceur, tendresse et humour pour tenter de trouver des réponses justes, et même si, maintenant, nous pouvons répondre de façon plus cynique à ces questions, une chose est sûre, le tout respire la sincérité et l’intelligence dans une intrigue qui ne cherche pas à surprendre, mais tente d’amener le spectateur à réfléchir, en s’identifiant au professeur, à ce que la crise de la COVID aurait apporter comme modifications à notre rapport aux gens et à nous de manière plus intime.
Et pour donner corps à leurs personnages, les réalisateurs ont choisi d’abord Marcelo Subiotto (Les Crimes qui nous lient). L’acteur qui porte le film sur ses épaules, incarne avec précision et justesse ce personnage de professeur introverti et terne. Avec une gestuelle et une utilisation maitrisée de son regard, il parvient à nous toucher et à nous faire rire ou sourire, sans jamais sombrer dans la caricature. Puis Leonardo Sbaraglia (Elite) qui vient jouer son concurrent, plus jeune et plus beau, qui va de manière aisée lui voler la vedette. A l’image les deux acteurs rivalisent de talents pour créer chacun une sorte de petite bulle dans laquelle ils évoluent sans se soucier réellement de l’autre. Ainsi que Mara Bestelli (Rojo) qui vient jouer l’équilibre. La femme qui voit les changements et les doutes qui s’opèrent chez son mari et qui va garder suffisamment les pieds sur terre pour tenter de raisonner et rassurer son mari. La comédienne, avec une douceur remarquable, apporte cette touche de conscience qui vient, chaque fois ramener le héros sur terre.