Une troupe de militaires réalise des manœuvres et se retrouve entraînée vers un glissement dans le temps suite à une déformation de l'espace-temps... Cette armée équipée de jeeps, d'un char, d'un hélicoptère et d'un patrouilleur, atterrit 400 ans en arrière, dans le Japon féodal du XVIe siècle...
Nous sommes à la fin des années 70, le cinéma Américain arrive sur le territoire Japonais, avec de la grosse cavalerie. C’est aussi un contexte où depuis le début des années 50 et la fin de l’occupation Américaine qui avait entrainé une censure empêchant le Japon de pouvoir parler d’Hiroshima et de Nagasaki, le cinéma Nippon retrouve une nouvelle dynamique, et après avoir longtemps parlé de société et s’être tourné vers le passé et les traumas, se lance, lui aussi, dans des productions plus audacieuse destinée à concurrencer sur son territoire cette déferlante de films grand spectacle et grand public. Produit par Haruki Kadokawa, grand parton de la société de production « Kadokawa Haruki Jimusho » qui est spécialisé dans la production de BD et de contenus télévisuels et cinématographique, « Les Guerriers de l’Apocalypse » se situe complètement dans cet optique e pouvoir créer un Blockbuster Local avec une histoire originale directement inspirée d’une production littéraire maison.
Pour que le tout puisse avoir l’oreille du public, ils font appel à la star du moment Sonny Chiba (Kill Bill), acteur immensément connu pour avoir joué dans de nombreux films d’arts Martiaux, et qui voit, là, l’occasion de changer de registre et d’aller un peu plus sur le terrain du jeu d’acteur plus que de la démonstration de Kung-Fu. On y retrouve également un autre acteur, mais qui cette fois-ci fait ses débuts et deviendra l’une des grandes stars du cinéma d’action Japonais : Hiroyuki Sanada, qui triomphe actuellement dans la série « Shogun » sur Disney +. Le principe est simple, une faille temporelle plonge un groupe de soldat de la défense du territoire Japonais (Les Japonais dans les années 70, n’ont pas le droit d’avoir une armée d’attaque, mais uniquement de défense) dans le Japon Féodal. Une aubaine pour l’un des seigneurs de guerre qui y voit là l’occasion de pouvoir vaincre ses ennemis et de devenir le nouveau maitre du pays. S’ensuivra des combats épiques où les armes de l’ancien temps combattent celles des temps modernes.
Le film, en lui-même, n’est pas un chef d’œuvre, et le jeu de la majorité de la distribution laisse à désirer et rappelle les grandes heures des séries que diffusait le « Club Dorothée » à son époque. Mais il ne manque toutefois pas d’intérêt, notamment dans le regard qu’il porte sur l’armée et le discours sous-jacent qu’il véhicule, comme celui de dire que les armes modernes ne peuvent rien contre la détermination ancestrale. Nous pouvons très bien y voir une sorte de réponse au traumatisme de Hiroshima qui mit à terre le Japon, mais qui ne le détruisit pas. Un pays qui finit par se relever et pansa ses blessures et apprenant des erreurs du passé. Le scénario et surtout la mise en scène, offre souvent des grands moments, comme ses batailles hallucinantes et captivantes menées à un rythme soutenu dans lesquelles la modernité rivalise avec l’ancestral.
« Les Guerriers de l’Apocalypse » est un film qui permit au Japon de pénétrer le marché des blockbusters en livrant un spectacle entre la Science-Fiction et le fantastique et dans lequel, il est possible de voir des signes du traumatisme de la seconde guerre Mondiale, comme la présence, dans la scène d’ouverture, d’une centrale nucléaire, qui peut apparaître comme la raison de cette faille temporelle qui va plonger ces militaires dans le Japon Féodal et faire naitre en eux, les pires instincts guerriers.