1863. La guerre de Sécession ravage les Etats-Unis. Le jeune Robert Gould Shaw est promu colonel du premier régiment de soldats noirs, engagés volontaires dans une guerre qu'ils croient être la leur. Ils se trompent. Assignés à des tâches subalternes, méprisés par leurs officiers, ils se révoltent, Shaw à leur tête, pour partir au feu. Volontaires pour partir à l'assaut de l'imprenable fort Wagner, ces héros paieront le prix fort pour leur dignité retrouvée.
Conservées précieusement dans la bibliothèque de la prestigieuse université d’Harvard à Boston, les lettres de Robert Gould Shaw, jeune Colonel du 54ème régiment d’infanterie du Massachussetts, composé exclusivement de soldats noirs, furent la base dans un premier temps, des livres de Lincoln Kirstein et Peter Burchard, puis du scénario de Kevin Jarre (Ennemis Rapprochés). Une histoire touchante et édifiante que celle de ce jeune homme de 24 an engagé dans une aventure qui le dépasse et pour laquelle, il va donner sa vie courageusement et avec honneur tout en emmenant ce régiment qui semblait destiné à un autre dessein beaucoup moins glorieux, à se battre et à prendre en main ce combat qui les concernait, en grande partie.
Pourtant Kevin Jarre a décidé de s’arranger un peu avec la chronologie et avec l’histoire. D’abord pour rendre hommage à cette figure importante et méconnue, de ce côté de l’Atlantique, de la guerre de Sécession, que fut le Colonel Robert Gould Shaw. Car il semble que l’homme ne fut pas aussi abolitionniste que nous le montre le film, mais il n’en demeure pas moins un héros de cette guerre fratricide, avec au milieu et surtout en toile de fond, l’avenir d’hommes, de femmes et d’enfants, qui n’avaient rien demandé. Et c’est le deuxième sujet du scénario que de montrer ces hommes, courageux et déterminés à se battre pour leur cause, même s’il faut y laisser sa vie, pourvue que celles de ses compagnons d’infortune puissent imaginer un avenir meilleur. Le scénario, prend des libertés, mais pour mieux mettre en valeur toutes ces figures majeures ou non, qui firent de ce combat, un exemple de valeurs et de droiture, dans une époque qui semblait en manquer terriblement.
Et le réalisateur Edward Zwick n’hésite pas à soigner ses plans. Lui qui n’en n’est qu’a ses débuts, se voit confier un budget confortable de 18 Millions de Dollars pour reconstituer une page de l’histoire des Etats-Unis. En se plaçant du point de vue de ces hommes, il parvient à tirer le meilleur de ce scénario et pousse le spectateur à la réflexion sur le traitement qui leur ai réservé et sur la manière dont Shaw va les pousser dans leurs plus lointain retranchements pour les préparer au mieux au combat et cette tension constante, cette méfiance des deux côtés qui reste présente à l’écran, à travers le personnage du Soldat Trip, sorte de boule de colère et de haine, qui imprègne le spectateur de sa présence. Denzel Washington (Flight), signe ici l’une de ses plus belles prestations, qui lui vaudra d’ailleurs l’Oscar du meilleur second rôle. Toute en puissance et en tension, l’acteurs cape l’image et chaque plan où il apparaît par une composition habitée, qui ne peut laisser indifférent.
Face à lui, il y a Matthew Broderick, la star du film, à l’origine, car au zénith de sa carrière avec des succès tels que « Wargames » (1983) de John Badham, « LadyHawke, la femme de la nuit » (1985) de Richard Donner et surtout « La folle Journée de Ferris Bueller » (1986) de John Hughes. L’acteur surprend avec un rôle sombre, dur où il doit casser son image de jeune cancre. Et même s’il se fait voler la vedette, par les acteurs Afro-Américains, qui rivalisent de force et de talent, il ne démérite pas et parvient à jouer de subtilité et parfois de malice dans un personnage qui n’en manquait pas.
« Glory » c’est avant tout un film tendu autour d’un sujet fort : Le premier régiment Noir de l’armée américaine durant la Guerre de Sécession. Edward Zwick touche le public avec des scènes forte comme celle où Trip se fait fouetter pour insubordination, le plongeant, à nouveau, dans son passé d’esclave ou encore la prise du fort Wagner. La mise en scène est précise et joue clairement sur la corde sensible, mais c’est pour mieux nous amener à réfléchir sur la condition de ces hommes et sur leur combat.