1966, pendant la guerre du Vietnam. Eriksson, une jeune recrue, est sauvé de la mort par son commandant, le charismatique sergent Meserve. Quelques jours plus tard, le radio de l'escouade est abattu dans un village allié. En représailles, Meserve décide d'enlever une jeune villageoise.
Nous sommes en 1989, la guerre du Viêt-Nam s’est achevée, 14 années plus tôt, et le cinéma s’est déjà emparé de son histoire, parfois en glorifiant le combat américain comme « Les Bérets verts » (1968) de Ray Kellogg et John Wayne ou « Hail Hero » (1969) de David Miller, mais surtout pour en dénoncer tous les effets que cela a pu avoir sur les vétérans : « Voyage au bout de l’Enfer » (1978) de Michael Cimino ou encore « Apocalypse Now » (1979) de Francis Ford Coppola. Des films qui sont entrés dans la légende, par leur approche plus radicale de ce conflit que les jeunes dans les années 70 refusent en bloc. Avec « Outrages », Brian De Palma, va adapter le roman de Daniel Lang, qui relate un fait réel dans lequel un groupe de soldat va se livrer aux pires exactions que l’on puisse imaginer dans un tel conflit.
Un sujet brûlant que le réalisateur, avec son scénariste David Rabe (Streamers) va traiter avec froideur, mais aussi tenter de répondre aux questions que le spectateur est en droit de se poser sur ce qui amène ces soldats à commettre l’irréparable. On y trouve, bien sûr, la souffrance de ces soldats qui ont tellement de leurs amis tomber au combat, parfois dans des conditions atroces. La folie qui les menace constamment et ce sentiment d’immunité dans cette jungle où l’ennemi peut être en embuscade à n’importe quel moment. Et puis bien sûr, il y a l’esprit de corps, de fidélité à celui qui commande, et la peur d’aller contre sa décision. L’unité qui galvanise pour le meilleur comme pour le pire. Et puis, le réalisateur et son scénariste amène le personnage d’Ericksson, interprété par Michael J. Fox, auréolé de son succès avec « Retour vers le futur » (1985) de Robert Zemeckis et bénéficiant d’une image de jeune premier idéal, qui va venir apporter ce questionnement, confronter ses coéquipiers à la morale, mais surtout à la raison. Mais qui sera, également confronté à ses valeurs. Une dualité qui sera au cœur de cette histoire.
A une époque où le cinéma lève un voile moins consensuel sur la guerre du Vietnam avec des films comme « Streamers » (1983) de Robert Altman, « Full Metal Jacket » (1987) de Stanley Kubrick ou « Platoon » (1986) d’Oliver Stone, « Outrages » de Brian De Palma va mettre un accent sur les effets de la guerre et d’une certaine manière sur le pouvoir que les soldats obtiennent en montant de grade. Ici, si l’on regarde le personnage du sergent Merserve, magnifiquement joué par Sean Penn (Mystic River), qui poussa l’interprétation en provoquant et ignorant Michael J. Fox pendant tout le tournage, on se rend compte qu’il se laisse totalement grisé par le pouvoir et par l’impact qu’il a sur ses co-équipiers. Il se garde bien d’ailleurs d’agir lorsqu’il faut le faire et ordonne aux autres de le faire en abusant de son pouvoir, comme il va abuser de la jeune otage. De Palma filme avec précision, utilise les tensions entre les deux acteurs principaux pour mieux donner un sens à cette aversion qui va naitre entre les deux personnages. Il garde pourtant une vue d’ensemble en plaçant ces hommes au cœur d’un conflit où à tous les niveaux chacun préfère mettre un couvercle sur la marmite que de regarder dedans.