1750. Un groupe de pionniers, dirigés par un révérend idéaliste, sont chassés de leur village, et partent s'installer dans une autre région inexplorée de l'Amérique du Nord. Ils s'y établissent, inconscients des épouvantables secrets qu'abritent les bois environnants. Une mystérieuse petite fille connait les menaces de la forêt et le destin horrible qui attend ceux qui se risqueront dans les bois...
Il serait injuste de regarder « Les Yeux de Feu » comme un énième film d’horreur sur les sorcières et autres créatures démoniaques qui peuvent hanter nos contrées les plus sauvages. Car le film d’Avery Crounse, tourné en 1983, fait preuve tout de même d’une certaine audace, notamment en se posant sur une légende d’un peuple indien, délogé et massacré par les colons : Les Chaouanons. Mais également dans son traitement. Car « Les Yeux de Feu » est un film qui prend le temps de s’installer. Pour que le spectateur, s’imprègne totalement des différents angles de lecture du film, le réalisateur qui également signé le scénario, va installer ses personnages et va les confronter à bien des tourments. Car s’il y a ce démon au cœur de la forêt du Missouri, mais il loge également dans le cœur et dans l’esprit de ces colons tourmentés par l’esprit quasi fanatique de celui qui se veut leur guide. Autant de croyances, de dérives qui vont se télescoper avec cette croyance indienne qui repose essentiellement sur le bien et le mal face à cette terre souillée par le sang de ses victimes.
Nous n’allons pas nous mentir, les effets spéciaux n’ont pas la qualité des grandes productions du moment, et nous sommes face à un film qui oscille entre Série B de qualité et long métrage au budget restreint. Mais c’est finalement ce qui fait son charme, car ce film, longtemps resté inédit, ne manque pas de séduire par la peinture de ses personnages et particulièrement celui de Léah, que l’on comprend rapidement comme possédant des pouvoirs et qui va se révéler bien plus nécessaire que n’importe quel autre personnage. On peut retrouver dans « Les yeux de feu » des croyances ancestrales venues des indiens, certes, mais également une influence plus Européenne, chez les croyances Celtes particulièrement où les esprits et autres créatures de la forêt sont là pour garder un subtil équilibre entre les hommes et la nature.
Bien sûr, nous sommes dans une série B, ce qui veut dire que les acteurs sont d’un niveau assez improbable. Ici, chacun rivalise dans le surjeu, même si cela doit en devenir ridicule, mais on pet y trouver un certain charme. C’est d’ailleurs ce qui explique, certainement, son absence pendant de si longues années des catalogues d’éditeurs, en France en tout cas. Car, encore une fois, nous n’allons pas nous mentir, nous restons dans une production qui reste à destination des séances de minuit et autres Drive-In, mais sur l’ensemble des productions du genre que nous propose d’éditeur, « Les yeux de Feu » fait certainement école, tant elle propose de bonnes idées, scénaristiques et de mise en scène pour venir contrebalancer l’absence de moyens. Le réalisateur Avery Crounse ne fera pas carrière dans le cinéma et se tournera plutôt vers la photographie, mais son film « Les yeux de Feu » fait preuve d’une véritable signature et d’une volonté de bouger les lignes.