Angelo, 10 ans, se rêve aventurier et explorateur. Jusqu’au jour où, partant en voiture avec sa famille pour se rendre au chevet de sa Mémé adorée bien malade, il est brusquement mis au défi de prouver son courage : oublié par erreur sur une aire d’autoroute, Angelo décide de couper à travers la forêt pour rejoindre la maison de Mémé. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges que menace un ennemi pire encore que l’ogre de la région…
Whinshluss, de son vrai nom, Vincent Paronnaud, auteur de bande dessinée, multi récompensé, également cinéaste dont l’incroyable « Persépolis » qu’il avait co-réalisé en 2007 avec Marjane Satrapi, qu’il retrouvera 4 années plus tard pour « Poulet aux Prunes » est un artiste hors compétition qui sait parler aux adultes autant qu’aux enfants. Que ce soit sur le papier sous le nom de Whinschluss ou sur grand écran sous son vrai nom. Un auteur qui en majorité se démarque par des histoires qui finissent mal, hormis sa bande dessinée « Dans la forêt sombre et Mystérieuse » sortie en 2016 chez Gallimard, dans laquelle un jeune garçon, oublié sur une aire d’autoroute, alors qu’il partait avec ses parents, voir sa grand-mère mourante, se retrouve plongée dans une forêt mystérieuse.
D’une inventivité subjuguante, « Angelo dans la Forêt Mystérieuse » aborde avec simplicité et souvent avec humour, le double thème de la mort et de l’abandon. Deux sujets qui se rejoignent en un seul et que le réalisateur traite, avec l’aide de son co-réalisateur Alexis Ducord (Avril et le monde Truqué), au premier pour être mieux adapté pour un public jeune qui peut être impressionné par un sujet aussi délicat. Et si les Américains de Pixar et Disney Animations ont su trouver les mots juste pour parler de l’absence, de la mort, ici, les auteurs abordent celui de la mort imminente de quelqu’un d’autre que le père et la mère, celui de la grand-mère, souvent complice éloignée des directives des parents et qui tisse un lien fort avec les petits-enfants. Le départ imminent de la grand-mère peut être interprété comme un abandon, ce qui amène au deuxième thème du film, celui de l’abandon qu’illustre ce passage dans la forêt, alors qu’il a été abandonné accidentellement sur une aire d’autoroute.
Jamais dans le choquant, ni dans la surenchère, les deux réalisateurs livrent une œuvre tout en symbole, y compris sur des sujets annexes comme l’identité de genre à travers un personnage drôle et complètement décalé : Un écureuil qui se sent oiseau. Très loin de vouloir imposer des idées, Vincent Paronnaud, dans son scénario ne fait que constater, et cherche avant tout à faire réfléchir chacun du plus jeune, mais surtout au plus vieux dans la salle, avec des scènes d’une véritable inventivité. Pour ce qui est de l’écureuil, le réalisateur dit simplement qu’il faut essayer, lorsque l’on a un doute.
« Angelo dans la Forêt Mystérieuse » est un dessin animé qui utilise plusieurs technologies que ce soit de la 3D ou de la 2D pour mieux séquencer son histoire et la rendre plus lisible. Un choix payant qui se retrouve dans la lisibilité du film et amène le spectateur à profiter pleinement et en toute fluidité de l’histoire et des différentes séquences narratives. On parlait de l’inventivité, il suffit de voir la scène des fourmis pour s’en rendre compte, spectaculaire, drôle et parfaitement maitrisée, elle vaut à elle seule le déplacement. Une excellente surprise que cette « Angelo dans la Forêt Mystérieuse »