« La Musique, c’est la vie ». Michel Legrand entre au Conservatoire de Paris à l’âge de 10 ans et s’impose très vite comme un surdoué. 3 Oscars et 75 ans plus tard, il se produit pour la première fois à la Philharmonie de Paris devant un public conquis. De la chanson jusqu’au Cinéma, ce véritable virtuose n’a jamais cessé de repousser les frontières de son art, collaborant avec des légendes comme Miles Davis, Jacques Demy, Charles Aznavour, Barbra Streisand ou encore Natalie Dessay. Son énergie infinie en fait l’un des compositeurs les plus acclamés du siècle, dont les mélodies flamboyantes continuent de nous enchanter.
Les documentaires sur des personnalités artistiques majeures ont tendance à répondre au même schéma, et donc à manquer parfois d’intérêt, si ce n’est sur une chaine de Télévision, même la plus élitiste comme Arte. Et le réalisateur David Hertzog Dessites, l’a bien compris ! Car après avoir tenté de nombreuses fois de monter ce film sur Michel Legrand, qui était pour lui comme une Madeleine de Proust, puisqu’il a grandi avec la musique du film « L’Affaire Thomas Crown », que Legrand composa en 1968, il put donner sa carte à l’agent de Michel Legrand, qui le convoqua pour un entretien. Lors de cet entrevue, le réalisateur comprit rapidement à qui il avait affaire. Car Legrand n’était pas du genre à se lancer dans des projets qu’il n’approuvait pas ou qu’il jugeait mal fagotés. Mais les deux hommes s’entendirent et après une discussion de 5 heures, ils tombèrent d’accord sur le fait de ne rien cacher du personnage, sa lumière comme ses zones d’ombres, mais surtout de ne tourner qu’autour de l’artiste et non de l’homme en dehors de la lumière.
Et c’est exactement ce qui fait mouche ! D’abord parce q eu l’on apprend énormément de choses sur la carrière de ce compositeur de génie qui signa un grand nombre de Musiques de films que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Ses collaborations remarquables avec des monstres sacrés comme Orson Wells (Citizen Kane) Quincy Jones, Dizzy Gillespie, Barbra Streisand, Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg) ou encore Claude Lelouch (Les Uns et les Autres) et j’en passe et des meilleurs ferait pâlir n’importe quel musicien de conservatoire. Et d’ailleurs il est amusant de voir que le jeune Legrand n’eut pas un parcours des plus simples dans son approche de la musique, mais que celle qui la lui apprit fut importante, malgré son intransigeance, car au-delà de la Musique, elle lui apprit la rigueur, le goût de la précision et de la perfection dans ses compositions. Une exigence que le compositeur gardera toute sa vie et qui sera souvent à l’origine de ses colères légendaires. Et c’est ce qui fait de « Il était une Fois Michel Legrand », car lorsque le Maestro se met en colère, la caméra continue de filmer et montre un homme qui ne laisse rien de côté mais surtout qui embarque ses musiciens dans une aventure où lorsque l’homme se met au piano lors d’un concert se lance dans une improvisation dont il est le premier à s’émerveiller et à s’amuser.
Le documentaire capte des instants de pure magie, comme lorsque l’on voit Michel Legrand, alors affaiblit, monter sur scène et se lancer dans une partition avec la même légèreté dans les doigts et la même envie de laisser la musique suivre son chemin. Et c’est d’ailleurs là que le film devient émouvant, lorsqu’il montre la force de l’artiste alors qu’il sait déjà que ses forces s’amenuisent et qu’il sera temps de lâcher la baguette, comme il le fait à la fin de « Yentl ». Un signal que les habitués du maestro comprennent comme étant la fin du parcours de l’artiste qui s’éteindra un mois plus tard. Il ne fut pas dans les projets de David Hertzog Dessites de filmer la fin d’un génie, mais le hasard et la destiné de ce compositeur hors du commun, en ont décidé autrement et subitement : « Il était Une Fois Michel Legrand » devient un documentaire testamentaire, passionnant par son choix de ne s’intéresser qu’à l’artiste et de fermer la porte à l’intimité qui ne passionne, finalement, pas grand monde, car, ce que l’on aime chez Michel Legrand, c’est sa musique et la manière dont il l’a composé.