L'ascension du célèbre chanteur/compositeur britannique Robbie Williams. Devenu une star avec le Boy Band, Take That, dans les années 1990, ce dernier a peu à peu plongé dans les paradis artificiels avant de retrouver le succès en solo en 1997 avec la chanson « Angels ».
Le biopic est un genre bien à lui, qui répond souvent à un code bien défini et qui, souvent s’enferme dans dedans : La Naissance, la vie, la mort. Et puis parfois, il y a des réalisateurs qui cassent ce code pour mieux coller à l’artiste et permettre au public de mieux le comprendre. C’est souvent, d’ailleurs par le biais de ses aspérités que l’artiste prend tout son sens. La relation toxique entre Elvis Presley et son manager dans « Elvis » (2022) de Baz Lhurman, les addictions et le manque d’amour chez Elton John dans « Rocketman » (2019) de Dexter Fletcher, ou encore la personnalité complexe de Freddie Mercury dans « Bohemian Rhapsody » (2018) de Bryan Singer et Dexter Fletcher, pour ne citer que les plus proches. Parler d’un artiste, c’est ; avant tout, comprendre ce qui l’a mené en haut des marches et ces sacrifices qu’il a dû consentir à faire pour s’y maintenir.
Alors qu’il tournait « The Greatest Showman », Michael Gracey a rencontré Robbie Williams, pour rassurer Hugh Jackman sur l’angle de son interprétation qu’il empruntait justement au chanteur britannique. De là est née une amitié, qui s’ouvra sur des confidences que le réalisateur finit par enregistrer pour ensuite en faire un film. Deux choses découlèrent de ces enregistrements : La Spontanéité de l’artiste et la manière ont il parlait de lui. Le chanteur ne cherchait pas à enjoliver les faits. De l’aveu même des deux scénaristes Simon Gleeson (Vacances à la grecque) et Oliver Cole : « Rien en fut édulcoré, Williams fait preuve d’une transparence… qui fut la clé du scénario. Rien n’est édulcoré ! ». Alors cela donne parfois un sentiment de voyeurisme face à un artiste prisonnier de ses angoisses, de son besoin de donner le meilleur et d’être reconnu comme tel, et ses addictions qui l’enferment petit à petit dans une spirale, dont il aura du mal à se sortir, mais qui sera sa plus grande victoire.
La mise en scène de Michael Gracey, utilise énormément cet angle d’attaque dans lequel l’artiste qui répétait souvent « danser comme un singe » ou « venir faire le singe sur scène », lorsqu’il parlait de « Take That ». A tel point, que lui est venu l’idée de remplacer le personnage de Robbie Williams par un singe, et d’utiliser cette métaphore, comme celle d’un artiste qui ne se sent jamais satisfait de ce qu’il est et de ce qu’il donne, jusqu’à ce qu’enfin il obtienne la reconnaissance tant attendue pour briser ses chaines. C’est aussi, en utilisant les véritables enregistrements des conversations avec Robbie Williams, que Michael Gracey parvient à donner toute cette émotion qui nous envahit à mesure que le film se déroule. Mais heureusement, il y a les ré-enregistrements des chansons de l’artiste, les chorégraphies impressionnantes qui viennent apporter un peu lus de légèreté et de dynamisme à un film qui n’en manque pas.
Et puis en filigrane, le réalisateur et le chanteur nous offre une vision de l’industrie musicale des années 90, qui n’avait rien à envier avec celle des décennies précédentes où les artistes étaient calibrés pour répondre à une demande, mais lorsqu’ils cherchaient l’émancipation, la chute était souvent dure et peu ont réussi à rebondir particulièrement dans l’univers des Boys Band. Robbie Williams fait figure d’exception et son parcours hors du commun méritait bien un film. Injustement boudé lors de sa sortie en Janvier Dernier, le film se rattrape depuis sa sortie en Vidéo. Et c’est bien mérité, car « Better Man » est un biopic réussi sur un artiste hors du commun.