Ce documentaire évoque la tournée internationale 1990 de la controversée Madonna qui débute au Japon pendant la saison des pluies et se poursuit en Amérique du Nord à Los Angeles, Detroit, Toronto et New York. Le film aborde les relations de Madonna avec ses danseurs et son équipe, son petit ami de l'époque Warren Beatty ainsi que sa famille et ses amis.
Madonna, la seule évocation de cette artiste qui fit ses débuts dans les années 80, est synonyme de chorégraphies sulfureuses et de sujets de société rarement abordés à cette époque : L’avortement dans « Papa Don’t Preach », le désir dans « Like a Virgin » et la religion, bien sûr, avec « Like A prayer ». L’artiste déplace des foules à chacun de ses passages et ses concerts se jouent à guichets fermés. Mais il est une plaie qui ne se refermera jamais, c’est : Le Cinéma. Malgré quelques films et une réussite seulement : « Evita » (1996) d’Alan Parker, la chanteuse ne parviendra jamais à trouver une légitimité sur grand écran. Et pourtant « In Bed with Madonna », qui fut présenté à Cannes lors du Festival International du film en 1991, pouvait être considéré comme son arrivée dans le monde très fermé du cinéma. Ce ne sera pas le cas, mais le film, qui fut produit pour un budget raisonnable de moins de 10 Millions (en grande partie financé par Madonna elle-même), rapportera plus de 29 millions de Dollars. Autant dire qu’il fut une affaire lucrative pour la star.
Mais, est ce que, pour cela, « In Bed With Madonna » est un film réussit ? La réponse est un léger Oui, car prévu d’être réalisé par David Fincher (Seven) qui se désista finalement, le film fut dirigé par un tout jeune réalisateur Alek Keshishian (W.E.) qui eut un accès total à la scène, mais surtout, et c’est ce qui donnera un style particulier au documentaire, aux coulisses et à l’intimité de la star. On y croise ainsi Warren Beauty (Dick Tracy), amant de la chanteuse à l’époque du tournage, mais dont on sent les premiers points de divergences, Kevin Costner (Bodyguard) qui rend visite à Madonna après un concert à Los Angeles, mais dont on sent qu’il n’a pas été emballé par le show, ou encore d’autres artistes comme Al Pacino (Le Parrain), Pedro Almodovar (Tout sur ma mère) ou encore Antonio Banderas (La Masque de Zorro). Toutes ces personnes qui passent dans le sillon de l’artiste qui reste concentrée sur sa tournée. Grâce à un montage faussement sans filtre (Ne Soyons pas Naif !), Madonna apparaît dans des moments d’intimités rares dans ce type de documentaire, nous la voyons en conversation téléphonique avec son père, parler de son frère et sa cure de désintoxication, avec ses danseurs en train de simuler une fellation avec une bouteille ou encore rencontrer une de ses anciennes amies qui lui demande, dans un moment gênant d’être ma marraine de son futur enfant. On peut être gêné, parfois choqué, mais ce documentaire ne nous laisse pas indifférent, car il a le mérite de ne pas être centré sur une œuvre mais de montrer l’autre face de la star, celle qui vit en osmose avec ses danseurs, qui se met en colère lorsque quelque chose ne tourne pas rond dans le spectacle ou encore une conversation, qui aurait bien du mal à ne pas faire scandale maintenant, lorsque Madonna apprend qu’une de ses collaboratrice semble avoir été abusé sexuellement et qui ne prend pas la nouvelles très au sérieux.
Un documentaire qui, à l’époque, venait casser les codes du genre en ne concentrant pas sur un personnage, mais en cherchant à en montrer les imperfections pour mieux donner plus de relief et plus de volume à son sujet. Ici, Madonna, s’affiche forte, assez peu seule, ou fragile, toujours dans le contrôle, mais surtout elle apparaît avec toutes ses équipes, proches et touchante aussi, par son besoin d’écouter et de rester disponible pour celles et ceux qui partagent la scène avec elle, et pour son besoin de constamment réagir en fonction de son statut d’artiste, même quand elle risque l’emprisonnement à Toronto pour atteinte aux bonnes mœurs.
« In bed With Madonna » c’est un documentaire troublant, mais qui a le mérite de nous montrer la star autrement qu’à travers des extraits de concert et des interviews, mais plutôt par le prisme des coulisses, de l’intimité. Une Téléréalité sur grand écran qui offre une vision plus intime du quotidien d’une star pendant une tournée mondiale.