ESC édite, pour ses 40 ans, une belle réédition de Dune version David Lynch. 3 galettes remplies de bonus ainsi que les 2 versions du film (cinéma et version longue).
Résumé
Dans un futur très lointain, en l’an 10191 AG (après la Guilde), l’Épice est la substance la plus précieuse de la galaxie, car elle permet les voyages spatiaux. Elle ne se trouve qu’à un seul endroit : sur la planète désertique Arrakis, aussi appelée Dune. Le duc Leto Atréides est envoyé pour gouverner Arrakis, remplaçant ses ennemis, les Harkonnen. Il s’y rend avec sa concubine, dame Jessica, et leur fils, Paul. Les Atréides soupçonnent un piège tendu par le baron Vladimir Harkonnen, mais ils doivent obéir à l’empereur Padishah Shaddam IV.
Après leur arrivée sur Dune, les Atréides sont trahis par leur médecin, le docteur Yueh, et attaqués par les forces combinées des Harkonnen et de l’empereur. Paul et Jessica parviennent à s’échapper et se retrouvent perdus dans le désert, où ils rencontrent les Fremen, les autochtones d’Arrakis. Les Fremen attendent un Messie qui les libérera, et Paul pourrait être ce sauveur.
Critique (Guillaume Simon et Simon Volant)
David Lynch est encore un jeune réalisateur lorsque Dino de Laurentis lui propose la réalisation de Dune, adaptation ambitieuse d’un roman culte de science-fiction. Avant lui, de grands noms tels que Ridley Scott ou Alejandro Jodorowsky se sont déjà cassé les dents à préparer une adaptation cinématographique. Dune est déjà un projet maudit. Lynch auréolé du succès critique de « Elephant Man » est alors déjà considéré comme un réalisateur à part. De Laurentis compte beaucoup sur son talent pour faire parvenir son Dune à des sommets artistiques et financiers pour un nouveau film de science-fiction. À cette époque, tout le monde souhaite le même succès que la première trilogie « Star Wars » tout juste conclue.
Dino de Laurentis voit en Dune, l’immense saga littéraire de Franck Herbert, le potentiel d’une autre série de films à succès. Après plusieurs réalisateurs pourtant largement investis dans la postproduction, le producteur confie à David Lynch la lourde tâche de réaliser le film. Les moyens mis en œuvre sont énormes. Le budget alloué au film se monte à 45 millions de dollars, somme astronomique pour l’époque (à titre de comparaison « Le retour du Jedi », sorti l’année précédente, en avait coûté 15 de moins). Mais De Laurentis est confiant. Le roman est culte, le scénario est riche, le spectacle sera au rendez-vous, le succès est inévitable… Il ne sait pas encore à ce moment-là qu’il se lance vers un échec des plus cuisants du 7e art.
Tout d’abord, Lynch n’était pas à l’aise dans l’univers Dune. C’est certain. La réalisation, quel que soit la version du film (Cinéma, version longue pour la télévision) est hasardeuse, avec les choix franchement discutables (voix off qui explicite les pensées des personnages, dialogues répétés, effets spéciaux un grand cran en dessous de l’œuvre de Lucas…) et l’ensemble souffre d’un manque de cohérence et de cohésion. La faut en incombe en partie aux De Laurentis qui n’ont pas vraiment aidé le réalisateur à concrétiser sa vision, mais force est de constater que les défauts sont plus profonds encore et sont apparus dès la préproduction.
Et pourtant « Dune » version Lynch dégage quelque chose d’intéressant et hypnotisant. La réalisation est entre le théâtre (scènes en intérieur) et les grands films d’aventures (scène d’extérieur). Lynch a aussi mis une bonne dose d’horreur (la scène de la valve cardiaque, mais la sœur de Paul Atréides est aussi une gamine effrayante). 40 ans après son flop en salle, on admire les décors XXL au look si original, les trucages franchement bizarres, Sting en icône gay, la musique qui oscille entre orchestrale (Toto), rock (Toto) et ambiante (Brian Eno).
Le film va vite, omet des pans complets du roman et oblige le spectateur à s’accrocher pour suivre. On est loin de la version de Denis Villeneuve inutilement lente et longue. Cette édition ESC compile le film de Lynch version cinéma en UHD HDR, la version Blu-Ray simple, mais aussi la version Alan Smithee (Lynch a refusé que son nom soit associé à cette version) de quasiment trois heures pour la télévision.
La version longue
Cette réédition nous a permis de voir en version HD le montage destiné à la télévision (diffusé en 2 parties). Cette version ajoute de nombreuses scènes et dialogues inédits. Elle explicite certaines parties de l’histoire. Elle multiplie aussi la réutilisation de plans. Vous connaîtrez aussi par contre la bande originale du film tellement, elle tourne en boucle durant les 3 heures. Elle conserve aussi beaucoup de maladresse comme une longue introduction difficilement compréhensible, elle censure la fameuse scène de la valve cardiaque. Techniquement, cette version est bien faite même si on sent les passages entre la version cinéma et les ajouts pour cette version longue. On peut détecter les différences essentiellement dans la bande-son.
Les films sont en 5.1. La version longue n’est disponible qu’en VO.
Bonne dynamique et bon usage des enceintes arrières.
Seul reproche, la version longue a beaucoup de variation dans la bande-son. On doit passer de la version cinéma restaurée aux scènes rajoutées. On a des coupures dans l’accompagnement musical, des passages de dialogues en mono, des variations de volume, etc.