Le 4 juillet 1971, jour anniversaire de l’Indépendance des États-Unis, le sénateur Carroll est abattu au cours d’une réception à Seattle. L’enquête conclut à un acte isolé perpétré par un individu déséquilibré. Trois ans plus tard, les témoins de la scène trouvent la mort les uns après les autres. Présent lors de l’assassinat du sénateur Carroll, le journaliste Joseph Frady décide de mener l’enquête et découvre l’existence d’une machination de grande ampleur…
Pour comprendre l’impact de « A Cause d’un assassinat » de Alan J. Pakula Le film sort en France plusieurs mois après la démission de Richard Nixon de la présidence des Etats-Unis, après le scandale du « Watergate ». L’ambiance, depuis le début de l’affaire en 1972, ne cesse d’alimenter un sentiment ambiant de paranoïa, dans lequel les pouvoirs semblent, et certainement à juste titre corrompu, et la presse apparaît comme le plus grand contre-pouvoir du moment. Il faut dire que le pays est dans une instabilité grandissante, que ce soient avec les assassinats des Kennedy (22/11/1963 et 05/06/1968) ou ceux de Martin Luther King (04/04/1968) et Malcolm x (21/02/1965),
Et le scénario signé de David Giler (Prometheus), Lorenzo Semple Jr (Les Trois Jours du Condor) et Robert Towne (Demande à la Poussière) va complètement s’inspiré de cette ambiance de paranoïa, de défiance envers les institutions et de ces dernières envers les journalistes et leurs méthodes pas toujours « dans les clous ». Adaptation du roman de Loren Singer : « The Parallax View » paru en 1970, nous plonge dans une machination menée de main de maitre par un auteur qui maitrise parfaitement son sujet et sait distiller ses informations à mesure que le scénario se déroule. Et les scénaristes ont bien compris que la connaissance des opérations de l’auteur serait la source de réussite du film. Et comme un certain nombre de films de l’époque, à la résonnance plus large tel que « Conversation Secrète » de Francis Ford Coppola, honoré d’une Palme d’Or en 1974, l’intrigue suit le parcours d’un journaliste qui tente de démontrer la réalité d’un complote d’état.
Bien sûr, la mise en scène de Pakula va être plus sombre, plus ancré dans l’humeur ambiante au Etats-Unis en cette année 1974, marquée par le scandale du Watergate, mais, comme pour faire écho à ce que nous vivons actuellement dans notre occident aux prises aux complotismes, aux corruptions et aux acharnements sur les minorités c’est un état qui ne parvient plus à se faire entendre, des institutions complètement hors sols, qui n’ont plus la confiance des populations et laisse libre court à toutes les spéculations. Il faut alors un original, un idéaliste, une sorte de chevalier blanc déterminé à faire éclater la vérité même au péril de sa vie. C’était très fort en 1974, justement et l’on sent qu’Alan J. Pakula s’est totalement imprégné de cela pour nourrir ses plans et la manière dont il ressert son propos autour de son personnage dont le spectateur suit le périple et s’offusque de tout ce qu’il lui arrive.
D’une grande précision et surtout d’une grande maitrise dans le rythme imposé à son œuvre, Pakula nous plonge dans un thriller, intense et captivant en évitant les pièges des longueurs et les longs monologues. Orfèvre du rythme et de la réflexion, comme il le prouvera par la suite avec « Les Hommes du Président » en 1976 ou « Présumé Innocent » en 1990. Le réalisateur soigne ses effets et se repose sur le talent de son acteur principal Warren Beatty (Bonnie and Clyde) , impeccable, évoluant dans cette mise en scène toute en clair-obscur et aux plans inventifs comme lorsque le réalisateur utilise deux actions en haut et en bas dans une scène d’une rare tension. Les décors froids qui font parfois penser à l’architecture soviétique participent à cette ambiance froide et sombre. Une véritable réussite.