En 1948, Clément Mathieu, professeur de musique sans emploi accepte un poste de surveillant dans un internat de rééducation pour mineurs. Le système répressif appliqué par le directeur, Rachin, bouleverse Mathieu. En initiant ces enfants difficiles à la musique et au chant choral, Mathieu parviendra à transformer leur quotidien.
Inspiré de « La Cage aux Rossignols » de Jean Dréville, réalisé en 1945, « Les Choristes » de Christophe Barratier fut un triomphe en 2004. Il faut dire que tout y est : Une histoire, oscillant entre l’humour décalé lié à l’innocence des enfants et particulièrement Pépinot, le plus petit et ses mimiques qui ne sont pas sans rappeler le Petit Gibus de « La Guerre des Boutons » (1962) d’Yves Robert, il y a l’environnement dans lequel évolue les enfants : l’exact après-guerre avec ses enfants placés dans des orphelinats ou dans des pensionnats, et puis la musique comme lien pouvant les sortir d’un quotidien assez morose. Le film est présenté comme étant inspiré, et non une relecture du film de Dréville, mais les scénaristes originaux : Noël Noël (Le Père Tranquille), René Wheeler (Le Crime ne paye pas) et Georges Chaperot (Rendez-Vous Champs-Elysées), y sont quand même crédités comme auteurs du scénario. On y retrouve également le personnage principal de Clément Mathieu, qui va devenir surveillant dans un centre de rééducation pour enfants difficiles. Il va alors ouvrir une autre voix à ces garçons maltraités en créant une chorale.
Christophe Barratier, avec Philippe Lopes-Curval (Monsieur Batignol), va donc reprendre cette histoire de Clément Mathieu, qui devient un musicien sans le sou, et qui se retrouve dans ce pensionnat, dans lequel des jeunes garçons, jugés difficiles et pour certains orphelins de père ou de mère ou même les deux, dans la période d’après-guerre, qui vit ces établissements pousser comme des champignons et où la violence semblait le mot d’ordre pour s’occuper de ces gamins cassés. Pour son premier fim, le réalisateur joue sur la corde sensible, et va trouver dans cette période sombre, où les Français réapprennent à vivre libres, mais où les faces sombres de ces familles brisées vont apparaître. Et dans cette noirceur ambiante, il suffit d’une idée, d’une envie, d’un peu de compassion pour faire naitre de la lumière. C’est ce que représente cette nouvelle interprétation de Barratier, de « La Cage aux Rossignols ».
Avec « Les Choristes », le réalisateur resserre son propos sur les enfants et à travers le regard, tout en douceur de son Clément Mathieu, interprété par un Gérard Jugnot (Faubourg 36) tout en sensibilité, il va apporter toute l’émotion que le spectateur va ressentir décuplée. Car, s’il y a les gamins, Pépinot en tête, qui assurent le show, il y a bien sûr Morhange, interprété par Jean-Baptiste Maunier, la révélation du film, qui, de sa voix cristalline va faire couler les larmes qui ne demandaient qu’à se répandre, mais il y a également les autres personnages Rachin, joué par François Berléand (Je Vais Mieux), jamais aussi bon que lorsqu’il joue les vrais méchants, personnage également présents dans « Les Rossignols », Chabert, joué par Kad Mérad (Bienvenue chez les Ch’tis), qui trouve, ici son premier rôle sombre et s’en sort à merveille. Mais il y a surtout Mondain, un personnage qui n’apparaît que très peu va illustrer à lui-même la déconnection de ce pensionnat régit par la violence et le manque d’écoute et de compassion pour ses enfants que la guerre à briser. Si l’interprétation de Grégory Gatignol (Mort d’un Berger) manque parfois de précision, elle n’en demeure pas moins marquante, tant il parvient à donner ce regard et cette posture du corps qui montre autant la violence qui répond à elle dont il fut victime.
« Les Choristes » c’est donc une comédie dramatique qui marqua les esprits par la qualité de son scénario et d’une mise en scène en douceur qui vient en contraste avec la violence qui est au cœur de son intrigue. Le réalisateur livre une œuvre faussement positive, puisque la fin, même si elle offre un moment qui n’est pas sans rappeler, « Le Cercle des Poètes disparus » (1989) de Peter Weir, reste tout de même sur un établissement qui se libère des agissements de son directeur mais en oublie ces enfants.