Après avoir tenté de se noyer, un jeune homme amnésique est interné en hôpital psychiatrique. Rapidement, le médecin qui s’occupe de lui et certains patients sont victimes d’hallucinations. Le patient semble posséder un curieux pouvoir : il aurait la possibilité de transmettre ses rêves et cauchemars à d’autres personnes...
Roger Christian est un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais il est pourtant associé à des films marquants du cinéma américains. Il fut notamment directeur artistique de Ridley Scott pour « Alien le 8ème Passager » en 1979, Il reçut l’oscar des meilleurs décors pour « Star Wars » en 1978, et fut réalisateur de la deuxième équipe pour « La Menace Fantôme » en 1999. Autant dire que se dire que l’on va visionner un film de 1982, réalisé par ce Monsieur, cela peut réserver des surprises.
Et c’est le cas, car « Rêves Sanglants » surprend par le ton qu’il utilise et certaines scènes particulièrement réussies. Sur un scénario de Thomas Baum, dont la plupart des films sont inédits en France, Roger Christian va signer une mise en scène précise et intéressante, malgré quelques maladresses, mais très peu finalement, au regard de la foule de bonnes idées qu’il a pu avoir pour rendre son film à petit budget inventif. Ici, donc, nous suivons le parcours d’un homme dont on ignore le prénom, qui après une tentative de suicide va se retrouver enfermé dans un hôpital psychiatrique. Rien de bien original me direz-vous ? Sauf que à son contact, les médecins et les patients commencent à avoir des visions horrifiques. S’en suit une course contre la montre afin de comprendre qui est ce garçon et d’où viennent ces hallucinations.
L’histoire est intéressante et gagne surtout en puissance parce que le réalisateur reste au plus près de son personnage et parvient à créer une connexion entre lui et le spectateur qui reste happé par les interrogations soulevées par le personnage central de cette histoire. Certaines scènes font immédiatement penser à des références comme Stanley Kubrick et son « Shining » sorti deux ans plus tôt avec les sans qui coule des murs ou des portes, ou encore à Spielberg et Lucas dans la manière d’amener les troubles de John Doe 83. Le réalisateur offre une scène, par exemple, dont on sent que Martine Scorsese s’est inspiré pour son « Shutter Island » en 2010. Il s’agit d’un passage où l’on entend des petits crissements dans la pièces voisines, assez identifiables pour eux qui en ont peur et qui se concrétise lorsque la pièce est remplie de rats. Ou encore celle que l’on peut voir dans beaucoup de productions actuelles ou les médecins et infirmières sont projetés dans la pièce. Le réalisateur utilise le ralenti pour mieux en ressortir toute la force.
Un film passionnant, assez étonnant dans cette collection, qui ne nous a pas habitué à de telles pépites, et qui vaut également pour la qualité du jeu des acteurs à commencer par Zeljko Ivanek (Hannibal) en jeune homme amnésique et meurtris par ses cauchemars, puis Kathryn Harrold (Les Ailes du Destin) qui parvient à sortir des prestations habituelles de l’époques où la femme ne vit que par la puissance de l’homme et impose un personnage déterminé et tout en nuance. Et puis enfin, Paul Freeman, inoubliable Belloq dans « Les Aventuriers de l’Arche Perdu » (1981) de Steven Spielberg, qui livre, ici, une prestation toujours aussi impeccable