Dans un XXVème siècle apocalyptique, une maladie a rayé la quasi-totalité de la population mondiale, à l'exception d'une ville fortifiée, Bregna, dirigée par une assemblée de scientifiques. Un groupe de rebelle vivant sous terre, les Monican, emmené par The Handler envoie leur meilleur élément, Aeon Flux pour assassiner l'un des plus hauts diri geants du pouvoir en place.
Créée en 1995 par le Sud-Coréen Peter Chung (Les Chroniques de Riddick : Dark Fury) et l’Américain Howard E.Baker (Hercule), la série d’animation « Aeon Flux » connu un certain succès sur la chaine MTV. Il était donc normal que le cinéma s’y intéresse. Et c’est à la réalisatrice Karyn Kusama, que revint la lourde tâche de cette adaptation. Celle qui avait attiré l’œil des critiques et du public avec « Girlfight » en 2000, faisant de Michelle Rodriguez une actrice de premier plan, sa lança, donc, dans la réalisation de ce film dont le scénario était signé de Peter Chung, lui-même, accompagné de Phil Hay (Destroyer) et Matt Manfredi (Mise à l’Epreuve 2).
Mais voilà, ce deuxième film qui devait lui permettre de sortir du giron des films d’auteur, par le biais d’un projet de science-fiction, manqua le coche. Notamment parce que la réalisatrice semble avoir eu envie de privilégier l’esthétisme au rythme, mais si cela devait parfois rendre l’ensemble quelque peu indigeste. Et c’est malheureusement le cas, car chaque plan est soigné, jusqu’à l’excès, les mouvements de ses acteurs, à commencer par Charlize Théron (Mad Max : Fury Road) dont la silhouette longiligne est souvent perdue dans un décor écrasant et dans des plans qui manquent parfois cruellement de souplesse, comme certains sauts du personnage filmés par en dessous qui devait donner un aspect stylisé à l’action mais qui la rend ridicule, au final.
A trop vouloir soigner ses plans, la réalisatrice en oublie non seulement le rythme de son film, mais également la fluidité de son histoire, qui finit par perdre en route le spectateur. Comme un « Matrix », avec moins d’audace dans la mise en scène, « Aeon lux » apparaît presque comme un film de fin d’étude, rigoureux dans sa lumière, dans l’utilisation de son décor et dans la direction presque chirurgicale de ses acteurs, ne leur laissant que très peu d’espace pour créer ou pour s’émanciper, ce qui donne souvent le meilleur de leurs prestations, à moins de s’appeler Christopher Nolan (Inception), Terrence Malick (La Ligne Rouge) ou Les Wachowski (Matrix), il est nécessaire de permettre aux acteurs de créer et de ne pas les enfermer dans une ultra stylisation qui finit par perdre l’âme de l’œuvre.
Et autant le dire « Aeon Flux » est un film d’une froideur étouffante, qui ne parvient jamais à inclure le spectateur et le rend passif face à une histoire qui pouvait avoir un intérêt vu l’univers de la série animé, mais qui, par la volonté de sa réalisatrice, de soigné au millimètre prêts ses plans en faisant de chacun d’eux une sorte de catalogue de ce qu’elle sait faire, finit par faire perdre tout intérêt au film. Ses résultats au Box-Office furent à la hauteur du désarroi du public : un peu plus de 52 Millions de recettes mondiale pour un budget estimé entre 55 et 62 Millions de Dollars.