Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard..
« Tout le monde a encore en tête, cette foule qui essaye de fuir l’Afghanistan lors de la prise de pouvoir des Talibans en 2021 ! », c’est comme ça que le réalisateur Martin Bourboulon parle d’abord de son film « 13 jours 13 nuits », adaptation du livre du Commandant Mohamed Bida, Population à l’ambassade de France à Kaboul, qui va prendre en charge, avec ses hommes, l’évacuation de plus de 300 Personnes. La présence des Talibans représente un danger permanent qu’ils vont avoir à gérer pour que toutes les personnes qu’ils ont pris à leur charge puisse quitter le pays en toute sécurité. Une opération qui va prendre plus de 13 jours notamment par les prises de décisions toujours aussi longues de l’état français et la violation quasi systématique des accords par les talibans eux-mêmes.
Avec une précision presque chirurgicale, le réalisateur, et son co-scénariste Alexandre Smia (Le Bureau des Légendes), va chercher, avant tout, à mettre en lumière toute la difficulté de monter une telle opération dans un contexte aussi tendu que celui de la prise d’un pouvoir d’un groupe aussi dangereux que celui qui prit le pouvoir dans ce pays en utilisant la terreur et le mensonge comme arme de pression sur la population. Chaque plan vise à faire ressentir au spectateur toute la tension qu’ont du vivre les protagonistes de cette sombre partie de l’histoire contemporaine, qui, depuis le début du XXIème siècle, se bat contre la barbarie d’un groupuscule armé et financé par des jeux de pouvoirs dangereux. Une nébuleuse qui n’hésite pas à tuer, et à torturer pour asseoir son pouvoir. Et les Occidentaux, dont les intérêts priorisent sur bien des choses et particulièrement sur les populations, semblent impuissantes à juguler ces entités d’horreur. Alors parfois, il y a des hommes qui se laissent porter par leur courage et la dureté du moment et vont tout risquer, surtout leur propre vie pour sauver des civils.
Avec un sens du rythme évident, et surtout un goût pour la narration, même sil n’hésite pas à utiliser, parfois des ficelles venues d’Hollywood pour mieux nous impacter dans ce qui se trame, comme le montage rapide et séquencé pour faire monter la tension, comme dans la scène précédant celle de l’explosion. Ce qui atteint son but dans « 13 jours 13 Nuits », c’est que le réalisateur, même s’il centre son propos autour du Commandant Mohamed Bida, parvient à faire ressurgir ses moments de doutes, de stress et de fatigue, mais il le fait également avec les autres intervenants de l’histoire, que le réalisateur ne traite pas comme des faire-valoir, mais au contraire comme de véritable héros également sans qui rien de tout cela n’aurait pu avoir lieu.
Et c’est surtout grâce à la prestation de la distribution, à commencer par Roschdy Zem (Roubaix, Une Lumière) qui se sert énormément des positionnements de son corps pour exprimer bien des choses, que ce soit le tremblement de la main, un regard plus haut, tout est fait pour que l’acteur s’efface derrière le personnage. Le charisme du comédien fait le reste. Lyna Khoudri (Novembre) vient apporter la subtilité du propos sur le déracinement, la manière dont les populations vivent cette fuite. La comédienne, toujours aussi précise dans son jeu, apporte une véritable sensibilité et une fracture face au courage masculin, qui force le respect. Sidse Babett Knudsen (L’Hermine) impose également une composition tout en fermeté, dans ce rôle de journaliste de terrain embarquée dans une vague qu’elle n’arrive pas à maitrisée et qui, avec ses incohérences montre le courage parfois aveugle de ces journalistes de terrain, encore plus lorsqu’il s’agit de femmes dans des pays pris dans la tourmente Djihadiste. Enfin, toute la distribution participe à la réussite de ce film qui apporte un regard nouveau et précis sur ce qu’il s’est passé ce 15 Aout 2021, où les Talibans ont prit le pouvoir en Afghanistan et ont fait croire à un éventuel fléchissement de leur politique rigoriste, particulièrement visant les femmes. La suite fut évidente, et le pays maintenant est ignoré des occidentaux, alors que les populations sont opprimées par ce pouvoir en place. Loin d’être un film politique, « 13 Jours 13 Nuits » c’est avant tout un film témoignage, adaptation du livre de son principal personnage.