Petit gangster sans envergure, Eddie Coyle vit de petites combines, de contrebande et de trafic d’armes. Afin d’échapper à la prison, il accepte de travailler comme indicateur pour la Police et le ministère des Finances.
Peter Yates, dans l’esprit des cinéphiles, c’est, avant tout, le réalisateur de « Bullit » (1968) avec Steve McQueen et sa célèbre poursuite en voitures. Pourtant le metteur en scène a signé plus de 20 films, en travaillant quasiment jusqu’à sa mort en 2011. Mais rien d’aussi marquant que le film précité ? Me direz-vous ! Pas si Sûr. Car Peter Yates réalisa un film en hors du commun en 1973, qui fut un échec à sa sortie mais qui marqua une génération de cinéphiles hardcore dont le plus célèbre est Quentin Tarantino (Pulp Fiction) qui donnera comme titreà l’un de ses films, celui jamais cité dans « Les Copains d’Eddie Coyle », d’un personnage majeur : « Jackie Brown ». C’est dire à quel point cette réalisation de Peter Yates fut marquante !
Et elle l’est à juste titre, car « Les Copains d’Eddie Coyle » est très loin d’être un navet, bien au contraire. Il réserve un grand nombre de surprise si l’on y regarde de plus prêt. D’abord, le scénario de Paul Monash (Kingfish : La Vie de Huey P. Long) tiré du roman éponyme de George V. Higgins (Cogan : Killing Them Softly) publié en 1970, nous plonge dans un univers de gangsters rarement dévelloppé au cinéma, celui des petits des prolétaires, ceux qui se suffisent de peu. Ici, rien n’est totalement extravaguant, les sommes demandées pour acheter des armes, pour tuer un homme sont assez faibles et même la femme d’Eddie Coyle, n’est pas dans les critères de beauté du moment, elle en est même l’exact opposé. Ici, rien ne brille, rien n’est flamboyant tout y est terne et errant, à l’image du personnage principal interprété avec beaucoup de retenue par un Robert Mitchum vieillissant.
Et c’est ce qui rend « Les Copains d’Eddie Coyle » captivant, car Peter Yates film au plus près de ses personnages et reste à leur niveau en les laissant errer doucement dans un monde où ils ne sont restés qu’à un niveau assez bas, un monde où tous les personnages mentent, où personne ne respecte réellement l’autre, à l’image de Coyle qui ne cherche pas à protéger ses enfants et à trouver une solution qui irait dans ce sens, mais plutôt à trouver une solution pour qu’il n’aille pas en prison. Un univers où l’on se fait des promesses que l’on ne respecte pas et où rien du monde qui les entoure n'a d’importance à leurs yeux. Et c’est toute la subtilité de la mise en scène de Yates que de ne pas chercher à faire dans le sensationnel, même s’il reste maitre en la matière lorsqu’il faut filmer des courses poursuites, comme celle où Jackie Brown tente d’échapper à la police.
Et hormis Robert Mitchum qui impose toujours son charisme, même s’il est assez peu à l’écran, au final. Le reste de la distribution, qui aura surtout brillé dans des seconds rôles ou dans des séries TV, mis à part Peter Boyle (Taxi driver) et Alex Rocco (Le Parrain) qui auront su mieux tirer leur épingle du jeu, fait le job et donne cette impression d’un film réussi mais pas qui ne peut pas briller, de par sa nature, aussi fort que les mastodontes de cette année qui ont vu naitre : « Serpico » de Sydney Lumet, « Papillon » de Franklin J. Schaffner ou encore « L’Exorciste » de William Friedkin. « Les Copains d’Eddie Coyle est passé sous les radars, mais l’histoire et les cinéphiles lui ont permis de trouver sa place dans le cercle fermé des films culte.